Lundi dernier (17 février 2014), un nouveau jardin public (pas un parc, comme j’ai pu le lire dans la presse locale) a ouvert à Poitiers, le jardin du Puygarreau, à l’arrière de l’hôtel de ville… ici photographié la veille de l’ouverture. Sauf mentions contraires, les photographies ont été prises entre le 17 et le 20 février 2014.
Un nouveau jardin en ville, surtout avec beaucoup de sièges (du même fournisseur que le jardin du Luxembourg à Paris, mais en gris marron au lieu du vert), cela va faire du bien, même s’il ne mesure qu’à peine 1000m²…
… avec très très peu de pelouse, juste un petit trapèze central, le reste est de l’allée stabilisée ou des copeaux de bois, …
… quelques plantes devraient quand même pousser dans les prochaines semaines, je vais y revenir. Il y a encore besoin d’un certain nombre de réglages, comme pour le viaduc des Rocs/Léon Blum (il faudra que je vous montre les réglages de ces deux dernières semaines).
Le nom jardin au singulier ou au pluriel, de ou du Puygarreau a fait débat dans la presse locale et sur Facebook cette semaine, notamment entre Philippe et Grégory. Même l’affichage sur place est contradictoire… DE Puygarreau sur la feuille qui interdit le skate et les chiens, DU Puygarreau sur l’arrêté municipal affiché sur place (dans la liste des jardins publics) mais DE Puygarreau quelques lignes plus bas (arrêté municipal du 14 février 2014 modifiant les règlements des parcs et jardins de la ville)… J’ai retenu JARDIN au singulier et DU Puygarreau…
En début de semaine, il a ouvert sans être complètement terminé, la grille et sa serrure semblaient poser beaucoup de problèmes mardi matin, les poubelles avaient été oubliées… A l’ouverture lundi, il y avait déjà plein de papiers par terre, sans doute des papiers envolés de la rue voisine, avec le dénivelé, ça risque d’être récurrent.
Elles ont fini par arriver sur des supports mobiles moches et espérons provisoires… je n’en ai vu que deux, un peu juste. C’est le même modèle que celles choisies pour l’ensemble de coeur d’agglomération, coeur de pagaille…, après deux ans et demi, beaucoup ont déjà des tâches de rouille là où l’émail a sauté.
Au rayon accessibilité des personnes en situation de handicap, il y a un énorme problème! J’ai fait des mesures approximatives : avec les pentes de la rue et du sol, pas facile avec juste un décamètre, ça serait mieux avec un théodolite (la partie surlignée en rouge sur la photo ci-contre). A l’arrière plan, on voit bien l’hôtel de Jean Beaucé rénové, il faut que je vous le montre avec de nouvelles photographies). Mais de toute façon, la partie en pente de la rampe principale fait presque 25 m de long pour un dénivelé de plus de 1,10 m (mesure au niveau du point le plus bas par rapport à la rue, avec la pente celle-ci, je pense qu’on doit être autour de 1,25m). Cela donne une pente de plus de 4%, je suppose que l’architecte a dû faire attention de rester en-dessous des 5% règlementaires (quoique, à vérifier de près, la partie plate aux deux extrémités ne doit pas entrer dans le calcul et on doit vraiment flirter avec ce seuil 5% ou même le dépasser légèrement), mais on ne doit pas en être loin. Au-dessus de 4%, elle n’est pas conforme, la loi prévoit qu’entre 4 et 5%, il faut un palier de repos d’une longueur minimale de 1,40 m, horizontal, tous les 10m. Je propose à l’architecte et aux élus de se placer en bas de la pente (à la place de la camionnette) et d’essayer de la remonter telle qu’elle est actuellement avec un fauteuil manuel… Il manque aussi une main courante pouvant servir de barre d’appui tout du long de cette pente, pour une personne qui a du mal à marcher (les personnes âgées par exemple), la main courante, surtout avec une telle pente sur 25m de long, est indispensable (recommandée à partir d’une pente à 4%).
En parlant de barre d’appui, celle qui est le long de l’escalier ne doit pas non plus être conforme. Elle devrait être plus débordante, de 28cm, et à l’horizontale en haut et en bas. Ce n’est pas une lubie, ça permet de savoir que l’on est arrivé à une extrémité de l’escalier si on voit mal, surtout que comme partout à Poitiers, les nez des marches pêchent par leur manque de contraste. La barre elle-même devrait être de section ronde et non carrée, pas question de « faire dans l’art », il s’agit d’être utile et efficace. La norme prévoit aussi une barre d’appui de chaque côté des escaliers (on peut avoir besoin de s’aider pour monter ou descendre les marches et avoir mal à un bras, ou ne pouvoir se servir que du bras dominant), ce qui n’est pas le cas ici. Un petit bon point quand même pour l’escalier, contrairement à la place d’Armes (Leclerc) à son ouverture, les clous podotactiles étaient en place en haut de l’escalier dès lundi (revoir dans le quartier de la gare : des clous espacés et des piquets, Poitiers ville inaccessible, toujours des problèmes fin 2011, même s’il y a eu des progrès depuis). Nulle part en ville sur l’espace public je n’ai trouvé de première et dernière contremarche contrastée pour les escaliers. Avec ma vision actuelle, j’ai pu constater que ce « détail » avait une grande importance. Et la ville de Poitiers se targue d’avoir gagné des places dans l’accessibilité pour les personnes handicapées (il y a certes du mieux), mais cela ne concerne que le handicap moteur (délivré par une association qui comporte plus de parents et de proches dans les commissions que d’usagers handicapés eux-mêmes), ça serait bien de vérifier tous les types de handicap.
Le jardin du Puygarreau, ce sont aussi des œuvres d’art contemporain qui complètent la commande publique de coeur d’agglomération… Je vous ai déjà montré l’installation de Benoît-Marie Moriceau dans le nouveau square de la République raté et les messages de Radio-Londres par Christian Robert-Tissot dans la montée du faubourg du Pont-Neuf. Ici, nous avons de nouvelles œuvres d’art… qui curieusement me rappellent d’autres monuments ou événements de ces dernières années à Poitiers, je n’ai pas pu me retenir de faire quelques rapprochements 😉
Dans un coin de la pelouse se trouve « l’obélisque brisé » de Didier Marcel (je n’ai pas trouvé de site personnel, alors je vous ai sélectionné un dossier pédagogique du centre Pompidou). Blanc sur blanc à certaines heures avec le soleil…
Sa base peut même faire pédiluve ou abreuvoir pour les oiseaux (zut, ils se sont envolés quand je me suis approchée).
Quand l’arbre qui se situe devant le masquera-t-il vraiment? (photographie du 14 janvier 2014).
La grille a pour titre « tourne-sol » et a été conçue par Élisabeth Ballet. C’est une longue grille en aluminium, qui penche vers la gauche…(photographie du 12 janvier 2014)
… et donne une impression de prison, que ce soit de l’extérieur ou de l’intérieur.
Cette commande avait-elle pour but de faire oublier le massacre des grilles du square de la République voisin? (photographie de novembre 2011).
Espérons quand même que ces soudures vont tenir…
Pierre Joseph (il ne semble pas non plus avoir de site personnel, il y a un catalogue sur le site du ministère de la culture) a quant à lui conçu l’aire de jeux (« Aire, air, erre, ère »)… avec des photographies de jeux anciens au fond sur le mur…
… et des objets non identifiés comme des jeux par les visiteurs, dôme, bain de siège??? [PS: dimanche après-midi, des enfants osaient enfin monter sur la bulle].
Le dôme, tiens, cela me rappelle l’un des monuments que j’aime le moins à Poitiers, le planétarium de l’espace Mendès-France, surtout à cause de sa co-visibilité avec la cathédrale et le baptistère Saint-Jean (revoir dans l’interview par 86 and Co). (photographie d’octobre 2009).
PS du dimanche 23 février, 19h. En y allant dans l’après-midi, j’ai trouvé les « cartels » (étiquettes donnant le titre et l’auteur) des œuvres! Je ne sais pas quel jour ils ont été mis en place, ce sont en fait des plaques de fonte d’une quarantaine de cm de long, que j’ai d’abord prises pour des plaques d’égout bizarres à l’emplacement où elles sont. Elles portent le titre de l’œuvre, le nom de l’artiste, l’année (2013) et en petit en bas « commande publique de la ville de Poitiers avec le soutien du ministère de la culture et de la communication ».
Bon, mon article est très très long, j’avais fait des photographies au long des travaux ces derniers mois, je vous les montrerai dimanche prochain… [à lire maintenant: Retour sur les travaux du jardin du Puygarreau à Poitiers]
Au départ un jardin en ville est toujours une bonne idée… J’ai cependant un peu des doutes quant à sa résistance dans le temps, et il manque un peu de spontanéité…
C’était nécessaire, un « peu » de verdure dans la minéralité dominante du centre ville. Bien pour les riverains ou les passants qui souhaitent se reposer! Sceptique quant à l’aire de jeux coincée dans un espace limité. Les gamins vont s’y bousculer dès qu’il y en aura 4 ou 5….et la bulle (destinée à jouer le rôle de toboggan) n’est pas évidente, on la prend pour une œuvre d’art (vieille habitude poitevine), quant au « siège » qui se remplit d’eau à la première averse….et il y en a beaucoup ces temps-ci, pas convaincant!
faudrait déjà pourvoir y entrer : pas très sympa de se casser le nez sur la grille close dès 17h45 !
Pourquoi pas adopter les horaires du Jardin anglais de Blossac (19h l’hiver, 20h l’été) ?
je n’ai pas lu tous les détails techniques, je l’avoue, mais je trouve aussi que souvent les outils nécessaires au repos ne sont pas souvent là. et même si on a mal au dos ou si on est vieux (ou les deux lol) on est aussi des citoyens à part entière…
Merci pour cette visite très détaillée.
Même remarque qu’Emmanuelle, dommage… quant à l’accessibilité pour les personnes handicapées (et ce, quel que soit l’handicap), il y a des progrès à faire…
Bises et belle journée.
Dommage que le sol de l’espace jeux soit recouvert d’écorces. Dès que des enfants y jouent, il y en a partout tout autour, sympa pour les employés qui doivent les ramasser régulièrement.
Je trouve ce blog très intéressant et complet mais il ne faut pas virer à la critique poussée comme pour les poubelles ou les soudures des barrières. Nous sommes quand même des gens civilisés ?!
Les photos sont très bien merci pour l’article.
En l’absence de poubelles, dès qu’il fait beau, le jardin est plein de reliefs de déjeuners le midi! Canettes, papiers gras, boîtes et autres jonchent le jardin… qui à d’autres heures sert de cours de récréation bruyantes aux collégiens de Henri-IV, fumeurs de shit par ailleurs. Que faire contre les incivilités?