La cité de l’immigration à Paris

Paris, le palais des colonies de l'exposition coloniale de 1931A la suite de Exhibit B, je vous avais annoncé une série d’articles sur Ce qui reste de l’exposition coloniale de 1931 à Paris. Je pensais prendre mon temps, vous présenter d’abord le palais colonial et seulement à la fin la Cité de l’immigration. Son inauguration aujourd’hui par le président de la République, 7 ans après son ouverture, m’encourage à écrire plus tôt cet article. Je suis allée la visiter seulement en août 2014. Je voulais voir par moi-même ce lieu qui n’est pas un musée (il n’y a pas de conservateurs, en tout cas, il n’y en avait pas au début) qui a été longtemps occupé par les sans-papiers. C’est encore moins un musée de l’histoire de l’immigration, comme j’ai pu l’entendre depuis quelques jours, mais quelque chose qui mélange de la documentation, de l’histoire, de l’actualité.

Lors de ma visite à Paris, je cherchais un lieu où il n’y aurait pas grand monde car je dois encore éviter les bousculades. Je voulais surtout voir la restauration du palais, dont on me disait le plus grand bien, mais j’y reviendrai une prochaine fois.

Paris, entrée de l'ancien palais des colonies, aujourd'hui cité de l'immigrationLaissons donc l’aquarium au sous-sol et entrons dans la Cité de l’immigration. Au premier étage, la mezzanine donne une très belle vue sur le grand forum aux fresques restaurées, j’en reparlerai sans doute. Sur les côtés, des panneaux expliquent l’histoire du palais et de l’exposition coloniale de 1931.

Entrons dans la salle principale de la Cité. J’avoue que je n’ai pas bien compris le propos. L’ensemble est organisé par des modules qui correspondent à des thèmes, avec pour chaque espace une œuvre d’art contemporaine (par exemple une chambre avec des lits superposés pour illustrer l’entassement des immigrés), des vitrines avec des objets genre passeports, permis de travail, objets transportés par les migrants, etc., des textes explicatifs très denses et écrits avec de très petits caractères, qui ne donnent aucune envie de lire (en tout cas pas de tout lire) et quelques propositions de lecture ou de bandes dessinées (j’ai trouvé avec bonheur dans la sélection la Petite histoire des colonies françaises de Jarry Grégory et Otto T. revoir dans l’ordre de parution l’Amérique française, l’Empire, la décolonisation, la Françafrique).

Dans une salle à part sont tracés des parcours d’immigrés, que des gens issus de l’immigration peuvent venir « déposer ».

Je pense que ce qui me gêne, c’est l’absence de choix et le mélange, entre l’immigration « choisie », y compris européenne, l’immigration non choisie, économique ou politique, etc. La colonisation mal expliquée se mélange à tout ça et l’ensemble donne une impression de « gloubiboulga », un mélange non identifiable. Les problèmes rencontrés par les immigrés sont certes évoqués, mais sans aller jusqu’au bout de la question et les difficultés actuelles. J’ai pu écouter de loin de rares visiteurs accompagnés par un « médiateur », en gros, il n’y aurait que des parcours sans embûche, tout le monde « s’intègre ».

J’aurais aimé un choix ou une meilleure séparation entre colonisation et immigration, une vraie approche de type « droits de l’homme » et conséquences pour les migrants.

Ces questions sont abordées de manière plus « frontale » et, à mon avis, avec plus d’efficacité par Bett Bailey  dans Exhibit B, avec une bonne explication, ce spectacle controversé fera davantage réfléchir à la question que la cité de l’immigration!

La Cité, ce sont aussi des conférences, une bibliothèque, des publications…

Pour aller plus loin:

Je vous recommande, vous l’avez compris, le spectacle Exhibit B,  de Bett Bailey, s’il passe près de chez vous ainsi que les albums de bande dessinée Petite histoire des colonies françaises de Jarry Grégory et Otto T. revoir dans l’ordre de parution l’Amérique française, l’Empire, la décolonisation, la Françafrique (dont Télérama a parlé la semaine dernière!). J’ai noté quelques titres lors de ma visite, il faut que je regarde si je les trouve à la médiathèque…

Vous pouvez également découvrir la collection « Un siècle d’immigration des Suds en France. » Tous les volumes dans l’ordre de la collection [malgré des dates de publication qui ne suivent pas les années] et aux Editions  La Découverte, Achac et Les bâtisseurs de mémoire, sauf indications particulières :

Paris-Asie : présence asiatique dans la capitale / Pascal Blanchard, Eric Deroo. 2004. 217 p. : ill.

Paris-arabe : présence des Orientaux et des Maghrébins dans la capitale / Pascal Blanchard, Eric Deroo, Driss El Yazami, Pierre Fournié, Gilles Manceron. 2003. 247 p. : ill.

Paris-noir : présence afro-antillaise dans la capitale / Pascal Blanchard, Eric Deroo, Gilles Manceron. Paris : Hazan, 2001. 239 p. : ill.

Sud-Est : Marseille porte sud. Immigration et histoire coloniale / Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch. Paris : La Découverte et Marseille : Jeanne Laffitte, 2005. 239 p. : ill.

Sud-Ouest : porte des Outre-Mers. Histoire coloniale et immigration des Suds / dir. Pascal Blanchard. Toulouse : Milan ; Les bâtisseurs de mémoire, 2006. 239 p. : ill.

Centre-Rhône : Lyon capitale des Outre-Mers. Immigration des Suds et culture coloniale / dir. Nicolas Bancel, Léla Bencharif, Pascal Blanchard. Paris : La Découverte, 2007. 239 p. : ill.

Grand-Ouest : mémoire des Outre-Mers. Des ports coloniaux aux présences des Suds / dir. Farid Abdelouahab, Pascal Blanchard. Rennes : P.U.R., 2008. 239 p. : ill.

Nord-Est : frontière d’empire. Soldats coloniaux et immigration des Suds / dir. Pascal Blanchard, Nicolas Bancel, Ahmed Boubeker, Eric Deroo. Paris : La Découverte, 2008. 259 p. : ill.

1 réflexion sur « La cité de l’immigration à Paris »

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