A la guerre comme à la guerre de Tomi Ungerer

Couverture de A la guerre comme à la guerre de Tomi Ungerer pioche-en-bib.jpgEn allant à Strasbourg en novembre 2010, j’ai visité le musée Tomi Ungerer. En passant ensuite à la médiathèque voir s’il y avait des livres de Sigrid Undset (sans succès, ils sont tous à la réserve, voire à lire sur place au fonds ancien), je suis tombée par hasard sur ce livre de Tomi Ungerer… Je le feuillette et l’emprunte illico.

Le livre : A la guerre comme à la guerre, dessins et souvenirs d’enfant de Tomi Ungerer, collection Medium, éditions l’école des loisirs, 2002, 115 pages, ISBN 978-2211066488.

L’histoire : près de Colmar. 1934. Âgé de 3 ans, petit dernier de la famille, Tomi Ungerer devient orphelin de père. Sa mère part habiter à Logelbach, dans la banlieue industrielle, avec la grand-mère. Et quelle grand-mère, dans ce portrait du jeune Tomi, elle déteste les enfants! Tomi est mis par sa mère fantasque au lycée (enfin, le petit lycée, notre collège actuel) à Colmar, où il vit en semaine chez son oncle et sa tante. Quand survient la guerre, Tomi dresse un portrait très drôle des soldats français qui semblent s’ennuyer. Mais très vite, c’est la débâcle. Il doit aller à l’école près de chez lui, avec les petits Alsaciens voisins… que jusqu’à présent, sa mère empêchait de fréquenter. Il apprend à parler l’Alsacien, l’Allemand devient la langue de l’école, il doit apprendre à écrire en gothique, faire un dessin raciste pour son premier devoir nazi (il est reproduit dans le livre, avec l’annotation du prof). Il continue néanmoins à tenir un journal en français (approximatif), ce qui vaut à sa mère une convocation à la police. Automne 1944, libération par les Américains (qui pillent plus que les Allemands…), retour au français à l’école, nouvelle épuration de la bibliothèque au lycée.

Mon avis : j’ai adoré cette vision de la guerre de l’intérieur par Tomi Ungerer, et ses petits dessins très drôles, qu’il a gardés et illustrent le volume au fil des pages… Quelle force dans ceux-ci, alors qu’il n’a que 10-12 ans… Le récit est plein d’humour, d’auto-dérision même. Tomi Ungerer revient sur des déclarations qu’il a faites plus tôt, les nuance, les annote. Je ne sais pas pourquoi ce livre est classé dans la littérature pour adolescents, tout le monde devrait le lire pour mieux comprendre ce qu’a été la vie en Alsace-Lorraine de 1940 à 1945. Et surtout méditer cet épisode, à la fin… Un groupe de jeunes enrôlés de force dans les troupes allemandes, tout juste 17/18 ans, sont contraints de retourner au lycée, leur Abitur allemand n’étant pas valable. Alors qu’ils reviennent de Russie, un prof de français, planqué lui pendant la guerre, leur demande de réciter Waterloo de Victor Hugo… Extrait de la page 109″ San enthousiasme, celui-ci annôna les vers de Victor Hugo. Scandalisé, le professeur rugit :  » Vous êtes donc totalement insensible à la beauté de ce poème ?  »
Le survivant se leva, attrapa le prof par le collet et lui dit :  » Je rentre de Russie, foutez-moi la paix avec votre littérature de batailles, s’il vous plaît ! « 
. Et oui, à méditer, un livre à lire absolument par tous…

Pour aller plus loin : visiter le site du musée Tomi Ungerer à Strasbourg. ET pour découvrir les dessins qui illustrent le livre, vous pouvez aller voir ce dossier pédagogique du CRDP de Strasbourg pour voir des extraits de ces dessins réalisés par Tomi Ungerer (qui, né en 1931, je le rappelle, était encore bien jeune de 1940 à 1944).

13 réflexions sur « A la guerre comme à la guerre de Tomi Ungerer »

  1. sarah

    Tu me donnes envie de visiter le musée. Ungerer n’est pas un illustrateur que j’apprécie particulièrement mais comme je suis curieuse et que ton compte-rendu me plait, je le mettrai sur la liste des visites. Bisous

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  2. Schlabaya

    Tu parles d’une salle du musée réservée aux adultes, il me semble que Ungerer était amateur de SM et qu’il a écrit un bouquin sur la question ?

    J’aime bien cet auteur pour le peu que j’en connais. Ce récit paraît vraiment bien…

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  3. dalinele

    je n’ai jamais bien compris cette histoire de « réserve » (ou frigo aussi je crois… ); c’est pour des livres qui ne sont plus empruntés??? ne pas avoir Tomi Ungerer en bibli… quand même!!! je vais noter le titre que tu as trouvé pour le lire.

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    1. Véronique D

      C’est Undset (et la plupart des prix Nobel un peu anciens) qui sont à la réserve… car peu demandés… En les demandant, on les récupère assez vite (pour les ch… comme moi qui en demande souvent, en quelques minutes), mais tu ne risques pas de les lire si tu ne les connais pas… Pour Undset, certains sont même dans le fonds patrimonial, à lire sur place dans la salle de recherche…

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    1. Véronique D

      Sigrid Undset, norvégienne, prix Nobel de littérature en 1928… La trilogie Kristin Lavrandsdatter est vraiment un gros pavé, jai trouvé un roman plus petit (la femme fidèle, 400 pages en folio, acheté d’occase chez un bouquiniste) pour la découvrir…

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