Dans le cimetière de Chilvert au sud de Poitiers se trouve un carré militaire dominé par une République (dont je vous parlerai une autre fois) et le monument commémoratif du réseau Louis Renard…
Comme le proclame l’inscription principale: « A la mémoire des 52 agents / du réseau Louis Renard / morts pour la France ».
Sur la grande dalle sont posées 11 plaques commémoratives avec les dates de naissance et de décès (décapités le 3 déc. 1943, sauf pour le chanoine Georges Duret, décédé le 23 mai 1943). Au fond et de gauche à droite: Jacques Moreau, Paul Préaux, Aimé Lambert, Clément Péruchon, Jacques Levrault. Au premier rang et de gauche à droite: Théodore Lefèvre, Louis Cartan, Louis Renard, Louis Toussaint, Pierre Pestureau, Georges Duret. Le VRID / Vienne, Résistance, Internement, Déportation consacre une série d’articles au réseau Louis Renard. Louis Renard avait fondé son réseau dès août 1940. Le réseau complet se composait de 72 agents P1, 92 agents P2 et 10 occasionnels. Devenu chef de chef de l’Armée Volontaire du Poitou, Louis Renard est arrêté le 30 août 1942 (les premières arrestations avaient commencé le 27 à Niort et à Poitiers et se sont poursuivies les semaines suivantes), transféré à Fresnes le 12 février 1943 avec 29 hommes de son réseau. Ils sont déportés le 18 février à Trèves puis le lendemain au camp de Hinzert (Louis Bordas et Joseph Riedinger y meurent sous les coups). Ils sont transférés le 19 avril à Wolfenbüttel, où ils sont jugés. Dix (voir plus haut) sont condamnés à mort le 13 octobre 1943 et seront guillotinés le 3 décembre 1943. Les derniers survivants du groupe (voir leurs noms sur le site du VRID) sont déportés à Gross Rosen et affectés au kommando de Kletendorf. Transférés à Dachau, les rares survivants sont libérés le 29 avril 1945. Parmi ceux qui sont morts en déportation se trouvent Raymond Charpentier, qui avait aidé Marthe Cohn et sa famille, et Gaston Hulin, député de 1924 à 1928 et de 1932 à 1936, sous-secrétaire d’État à la Guerre du 31 janvier au 3 juillet 1933 (clic sur biographie pour développer sa fiche sur le site de l’assemblée nationale).
D’autres membres du réseau ont été fusillés sur la butte de Biard: le monument a été déplacé l’année dernière de quelques dizaines de mètres pour permettre le passage de la ligne à grande vitesse Tours-Bordeaux, il faut que j’aille refaire des photographies. Au total, 52 membres de sont réseau sont morts pour la France.
Pour aller plus loin:
Voir le livre de Jean-Henri Calmon, La Chute du réseau Renard, Poitiers 1942. Le SS, le Préfet et le Résistant, Geste éditions, 2013.
Il y a d’autres monuments commémoratifs à Poitiers (université, gare, églises, carré militaire du cimetière de Chilvert, parc de la roseraie, monument de la déportation à Blossac, à la prison), je les réserve pour d’autres articles, j’ai aussi déjà parlé de ceux-ci:
- Le monument aux morts de 1870-1871, qui a ensuite perdu ses grilles puis sa patine (la presse en parle), le début de la restauration, restauré, de nouvelles grilles moches, une œuvre démontée (février 2013), le ratage du nouveau square de la République
- le monument aux morts de 1914-1918
- carré militaire de la Pierre Levée et monument aux morts allemands
- plaque commémorative de 1939-1945, cimetière de la Pierre-Levée
- stèle du camp de la route de Limoges (et absence de commémoration pour le Fronstalag 230)
- Marthe Cohn, née Hoffnung et la plaque du lycée Victor-Hugo
- monument commémoratif du stade poitevin
Photographies d’août 2013.
Un monument sobre, triste et émouvant. Quel courage…