A Poitiers près de la porte de Paris, sur le boulevard de l’Abbé-Frémont mais aussi rue Honoré-Gabillet et rue du Général-sarail se trouve la cité Gabillet, un ensemble de 20 maisons de type HBM (habitations à bon marché, concept créé en 1894 par la loi Siegfried), un peu comme celle de la cité Auguste Maître à l’extérieur de la ville, dans le quartier de la Pierre-Levée.
La plaque témoigne de ce passé : « Office public d’H.B.M. / de la ville de Poitiers / les bâtiments de l’office / ont été inaugurés / en MDCCCCXXXIII et MCCCCXXXVI / Mr Guillaume Roulle président / Mrs A. Baffrey (MDCCCCXXXIII) et / H. Moulonguet (MDCCCXXXIV) / préfets de la Vienne / G. Moraix et P. Umeau maires / J.M. Boudouin arch. D.P.L.G. ». Elle fut donc construite au début des années 1930 par l’architecte Marcel Boudouin (Poitiers, 1906 – Poitiers, 1986), qui avait des préoccupations hygiénistes, en construisant le sanatorium mais aussi ces habitations plus salubres et aérées que ce qui existait auparavant. Je vous reparlerai de cet architecte, qui est aussi l’auteur à Poitiers de l’église Saint-Cyprien, de la première partie du boulevard du Grand-Cerf, la cité de Bel Air et de la clinique des Hospitalières (ces deux derniers détruits ou remaniés ces dernières années). Dans le domaine hospitalier, il a aussi travaillé pour les hôpitaux de Montmorillon et de Lusignan dans la Vienne et de Cadillac en Gironde. Il est aussi l’auteur de l’ancien sanatorium et d’une partie du CHU de la Milétrie à Poitiers (qui a remplacé l’hôtel-Dieu du centre-ville).
Pour mieux comprendre l’implantation de cette cité Gabillet, rien ne vaut une vue aérienne. J’ai trouvé une carte postale des années 1950-1960, que j’ai annotée avec les principaux monuments présents autour, le pont de Rochereuil, l’ancien château de Jean le Bon à la confluence de la Boivre et du Clain, l’église Saint-Jean-de-Montierneuf et son cloître qui a l’époque abritait encore la caserne Dalesme, transformée en bâtiments pour l’ENSMA (école d’aéronautique) et qui accueille aujourd’hui entre autres le rectorat.
En zoomant dans le scan, on voit très bien la structure de cette cité. Le long du boulevard de l’abbé Frémont et le long de la rue Gabillet, et au centre, des maisons toujours jumelles (deux habitations sous le même toit) séparées par des jardinets ou des espaces plus restreints du côté du boulevard. Les maisons accolées les unes aux autres au fond ne font pas partie de la cité.
Au centre, dans l’axe de l’entrée principale, se trouve une maison jumelle à laquelle un soin particulier a été donné. A chaque extrémité se trouve un avant-corps avec un toit en demi-croupe. Sur ce mur pignon est installée une pergola (bon, il n’y a plus de plantes grimpantes) avec un décor de colonnes encadrant une arcature aveugle.
Les autres maisons, toutes jumelles, s’organisent autour d’une voie en forme d’anneau…
…et le long des rues.
Voici le long du boulevard. Vous noterez les avancées qui permettent de protéger du froid, et à l’arrière (pas visible ici, mais sur la quatrième photographie) étaient prévus des jardins séparés de la voirie par un enclos en béton.
Passons rue Gabillet…
Vous voyez, c’est la même structure de maisons.
En revanche, de l’autre côté de la rue, l’alignement de maison jumelles (deux sous le même toit) mais accolées ne font pas partie au sens strict de la cité Gabillet.