J’ai récupéré ce livre à la médiathèque, je l’avais noté dans le petit carnet offert par Emmanuelle après un article de Monique / Bidouillette / Tibilisfil en mars. Henning Mankell est un auteur que j’ai beaucoup lu, mais je ne vous ai parlé que du cerveau de Kennedy. Depuis, j’ai aussi lu L’homme inquiet.
Le livre : Les chaussures italiennes de Henning Mankell, traduit du suédois par Anna Gibson, Editions du Seuil, 2009, 341 pages, ISBN 9782020944656.
L’histoire : de nos jours un peu avant noël sur une minuscule île de la Baltique en Suède. Fredrik Welin, ancien chirurgien orthopédique, 66 ans, y vit reclus depuis douze ans avec son chien et son chat, avec juste pour visiteur le facteur de l’archipel, deux fois par semaine. Au fil des pages, on apprend qu’il s’est retiré dans cette île qui appartenait à ses grands-parents suite à une terrible erreur médicale. Chaque matin, il creuse un trou dans la glace et s’y plonge quand, un jour, en sortant nu de son trou, il voit apparaître une femme avec un déambulateur… Cette femme, c’est Harriet, qu’il a aimée et abandonnée quarante ans plus tôt alors qu’il était encore étudiant, partant en Amérique… Et là, sa vie va basculer, cette femme mourante lui demande de l’emmener voir un lac dont il lui avait parlé… puis sa fille, dont il ne connaissait pas l’existence. Il découvre alors la vie de sa fille qui vit dans une caravane dans la forêt, avec de curieux amis dont ce très vieil italien qui fabrique deux ou trois paires de chaussures sur mesure chaque année. Rentré précipitamment sur son île, il décide de prendre contact avec la victime de son erreur médicale, de rester en contact avec son ex-amie et sa fille…
Mon avis : un roman qui s’étale sur un an et demi, deux hivers et un été qui ont bouleversé la vie d’un homme. Une réflexion sur la solitude choisie… Une erreur médicale due au surmenage du chirurgien et de son équipe… dans un pays, la Suède, qu’ici nous pensons comme un paradis social. La maison d’accueil de trois jeunes adolescentes pommées montre aussi une autre face noire (ou en tout cas pas très reluisante) du système social suédois. Aussi une belle approche de la fin de vie, des soins palliatifs à domicile, de l’accompagnement de la fin de vie et d’une sorte de choix de mourir dans la dignité (ici avec la mort naturelle, pas un suicide assisté). Un beau portrait aussi de la vie dans les îles, le facteur est un personnage haut en couleur, les garde-côtes sont moins présents mais aussi intéressants. Un Mankell sans Kurt Wallander (dont l’ultime aventure vient de paraître), à lire sans aucune hésitation, de quoi relativiser aussi notre petit hiver 2010-2011.