La place de la République à Paris, réaménagée en 2013, est devenue un lieu de recueillement après avoir été longtemps le point de départ ou d’arrivée des grandes manifestations… Mais qui regarde vraiment le monument? Pourtant, il est constitué de quatre figures allégoriques (je vous en parle dans cet article) et de douze plaques en bronze racontant les principaux épisodes de l’histoire de la République (à découvrir dans un prochain article).
Toutes les statues sont du sculpteur Léopold Morice (Nîmes, 1846 – Paris, 1920) et l’architecte du monument n’est autre que son grand frère Charles Morice (1848-1908), ainsi qu’en atteste la signature : « Léopold Morice statuaire / Charles Morice architecte ». La République en bronze est installée sur une colonne de 15,5 mètres de haut. Elle-même mesure 9,50 mètres.
Le monument, commandé en 1879, est dédié » A la gloire de la République Française, la ville de Paris, 1883 » (inscription sous les armoiries de la ville de Paris) et a été construit de 1880 (mise en place d’un modèle en plâtre le 14 juillet) à 1883 (inauguration officielle… encore le 14 juillet!).
La République qui domine la colonne est un concentré des symboles de la République (je vous invite à relire cet article pour plus d’explications) :
elle est coiffée d’un bonnet phrygien et d’une couronne, elle brandit un rameau d’olivier.
Habillée à l’Antique, en appui sur les droits de l’homme…
… elle porte une courte épée dans un fourreau contre son flanc gauche…
… et est pieds nus dans ses sandales.
Impossible de prendre l’inscription « droits de l’Homme » dans sa totalité…
Les trois autres allégories, sculptées en pierre, se répartissent autour de la colonne et illustrent la devise républicaine : Liberté, égalité, fraternité. Elles se distinguent par leurs attributs, et au cas où, leur « nom » est ajouté au-dessus ;-). Je commence donc par la Liberté…
Nu-tête, elle est assise devant un chêne et brandit un flambeau. Alors que la célèbre statue de la Liberté d’Auguste Bartholdi , quasi contemporaine (voir le modèle de 1878), se débarrasse de ses fers qui gisent à ses pieds, la Liberté de Léopold Morice tient les fers dans sa main droite, en appui sur ses genoux.
L’Égalité semble un peu crispée, avec sa main cramponnée sur le drapeau…
Elle a un air martial avec les attributs d’Athêna, déesse de la guerre : la cuirasse (égide) est sanglée par dessus sa robe et ses jupons et elle porte le casque typique de la déesse.
Elle tient de la main droite un drapeau à la hampe ceinte d’une cocarde et portant le chiffre de la République (RF).
Elle tient de la main gauche le niveau triangulaire des charpentiers.
La Fraternité est est vêtue d’une robe au corsage lacé de manière assez serrée.
Coiffée d’un foulard noué derrière la tête, la Fraternité est assise avec un bouquet d’anémones qui s’échappent de la corne d’abondance posée sur ses genoux.
De sa main droite, elle s’appuie sur les brancards d’une charrue.
A ses pieds deux enfants potelés (dodus pour faire plaisir à Maryse?) semblent concentrés sur un livre. Derrière eux, gerbes de blé et raisins symbolisent l’abondance.
Des cuirs posés sur des faisceaux de licteur (revoir les symboles de la République) séparent les allégories sur les côtés (devant, il y a les armes de la ville de Paris) et encadrent donc la Fraternité ; ils portent les inscriptions « LABOR » (travail) et « PAX » (paix), deux devises fréquemment associées à la République à la fin du 19e siècle, on les trouve par exemple aussi sur la façade de la bourse du travail édifiée en 1889-1890 à Paris.
Devant le monument, un lion majestueux (3 mètres de long quand même) garde une urne marquée du « Suffrage universel »…
Elle porte la marque des fondeurs Thiébaut frères, dont je vous ai déjà beaucoup parlé.
… et des trophées marqués 1789 accompagnés de palmes.
Lui aussi porte la marque de » Thiébaut frères fondeurs ».
Photographies d’août 2014.