Profanes de Jeanne Benameur

Couverture de Profanes de Jeanne BenameurJ’ai poursuivi la lecture des livres pour la voix des lecteurs, voir les titres déjà lus, Petites scènes capitales, de Sylvie Germain, et N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures, de Paola Pigani. De Jeanne Benameur, je vous ai déjà parlé de Laver les ombres de Jeanne Benameur, prix du livre en Poitou-Charentes en 2009.

Merci à Grégory qui a organisé ce groupe de lecteurs avec Florence, Jenny, Michèle. Un livre fourni en édition de poche, tout petit, heureusement que j’ai mon visio-agrandisseur maison, même s’il faut que je règle la question de maintenir les pages ouvertes sans casser le dos des livres, les pinces à dessin, ce n’est pas suffisant, les pages ont tendance à se refermer, c’est pénible de retenir chaque page ouverte sous la caméra, et pas très ergonomique.

Le livre: Profanes de Jeanne Benameur, Actes Sud, 288 pages, 2013, ISBN 978-2-330-01428-5 [lu en édition de poche, Babel, 2014, 274 pages].

L’histoire: de nos jours, au printemps, dans une ville indéterminé. Une grande maison avec un jardin. Pour ses 90 ans, Octave Lassalle, ancien chirurgien cardiaque, a convoqué quatre personnes pour qu’elles signent un contrat établi avec son notaire: Béatrice, Yolande, Hélène et Marc vont se succéder auprès de lui toute la journée et la nuit jusqu’à sa mort, chacun aura accès libre à la maison et à une chambre au deuxième étage, une tâche particulière (jardinage, lecture, surveillance de nuit), les tâches quotidiennes continueront à être effectuées par la gouvernante, Mme Lemaire, qui s’efface néanmoins peu à peu. Chacun a un passé plus ou moins lourd, y compris Octave, dont la fille Claire est morte il y a longtemps des suites d’un accident, il avait refusé de l’opérer pour tenter de la sauver, préférant qu’un de ses amis agisse (sans succès), sa femme Anna était repartie vivre dans son Canada natal avec la dépouille. Dans la maison, il ne reste qu’une photo à partir de laquelle Hélène doit réaliser un portrait dans le style de ceux du Fayoum, et la cabane d’enfant dans le jardin…

Mon avis: Jeanne Benameur a choisi un style narratif original, passant de la troisième personne à la première personne, du point de vue d’Octave ou de celui de ses personnages. Si quelques haikus, passion d’Octave (à côté de la lecture de l’Ecclésiaste, lui qui se dit non-croyant), se glissent ici et là, la poésie transpire aussi des pages en prose. Peu à peu, le passé de chacun est révélé, leurs blessures, Béatrice, élève infirmière, chargée de la nuit est née après un frère mort avant sa naissance, Marc, qui découvre le jardinage, a un lourd passé en Afrique, Hélène, la peintre, essaye de vivre le début d’une nouvelle assion amoureuse, Yolande a souffert de l’absence d’attention de son père. A soigner les autres, Octave a-t-il prêté assez attention à sa famille jusqu’à l’accident de Claire? La grande maison, d’abord vide, ou plutôt peuplée du fantôme de Claire et de l’absence d’Anna, va devenir le réceptacle des passés des autres, qui vont prendre plaisir (parfois charnellement…) à y venir puis à s’y retrouver même en dehors des heures qui leurs sont attribuées. « Vanité des vanités, dit l’Ecclésiaste, vanité des vanités, tout est vanité » (Ecclésiaste 1; 1:2), cette parole du roi Salomon, au tout début de l’Ecclésiaste, est peut-être le fil conducteur non-dit du récit proposé avec brio par Jeanne Benameur. J’ai beaucoup aimé ce livre, reste une question, est-il judicieux pour le prix du livre en Poitou-Charentes de désigner un livre déjà primé par ailleurs (Grand prix RTL lire 2013) et une auteure qui a déjà reçu le prix en 2009 pour Laver les ombres?

Suivre mes (nos) lectures de la sélection de la Voix des lecteurs 2014 (liens au fur et  mesure des lectures), groupe organisé par Grégory :

Profanes, de Jeanne Benameur, éditions Actes sud (ci-dessus)
Composite, de Denis Bourgeois, éditions Ego comme X
Petites scènes capitales, de Sylvie Germain, éditions Albin Michel
Nativité cinquante et quelques de Lionel-Edouard Martin, éditions Le Vampire actif
N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures, de Paola Pigani, éditions Liana Levi

5 réflexions sur « Profanes de Jeanne Benameur »

  1. claudiane

    coucou ma douce, toujours amatrice de lecture, c’est bien, tu as raison et moi tort de ne pas lire, mais à vrais dire pas de temps , alors !!! et puis je suis difficile pour lire, à part mes san-antonio hihihihi rien a voir avec tes lectures, ni avec ma bible je sais mais ça me détends , bon je file, ha oui à 4.51 du matin je court déjà gros et doux bisous, dianou

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  2. Maryse

    Maintenant que je me suis lancée dans cette aventure du prix du livre Poitou-Charentes, j’hésite à lire tes commentaires…. Je n’en suis qu’au premier: « Composite » de Denis Bourgeois. J’ai eu du mal à le commencer.

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  3. Grégory

    N’en étant qu’à la moitié, je ne lis pas non plus ton avis,
    mais je relève p. 132 : « Et que ni sa mère ni son père ne pouvait l’aider. »
    Certes, il doit être possible d’accorder le verbe au singulier, mais le pluriel me semble préférable.
    Ce n’est pas un mauvais livre, mais je ne suis pas complètement emballé, ni par l’histoire ni par le style ^^

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