Vendredi dernier avait lieu à Poitiers une séance spéciale de Tous Cobayes de Jean-Paul Jaud, en présence du réalisateur et de quelques acteurs régionaux présents dans le film :
– Benoît Biteau, ingénieur agronome, conservateur du patrimoine, conseiller régional… et agriculteur bio en Charente-Maritime (voir une présentation complète avec le procès en appel des faucheurs volontaires à Poitiers et l’aventure de la reconversion de l’exploitation agricole de ses parents sur son site, voir aussi des vidéos ici)
– le père Gourrier, curé (engagé) de l’église Saint-Porchaire à Poitiers (il est aussi chroniqueur dans une émission humoristique sur une grande chaîne de radio nationale… que je n’écoute jamais)
– Bruno Joly, agriculteur en cours de conversion bio à Saint-Gervais-les-Trois-Clochers, qui a redécouvert il y a quelques années les semences paysannes (ici de maïs et de blé « population »), celles que le précédent gouvernement souhaitait taxer parce qu’elles échappent au paiement des semences aux groupes internationaux de vendeur de semences et de produits chimiques… Voir le réseau Inpact, initiatives pour une agriculture citoyenne et territoriale.
Le film (présentation officielle du site J+B séquence, producteur du film : » Comment se fait-il que les OGM agricoles soient dans les champs et dans les assiettes alors qu’ils n’ont été testés que pendant trois mois sur des rats ? Comment se fait-il que l’énergie nucléaire soit toujours l’énergie du futur alors que les hommes ont vécu Tchernobyl et Fukushima? Les conclusions seraient-elles accablantes ? OGM, Nucléaire : L’homme s’est approprié ces technologies sans faire de tests sanitaires ni environnementaux approfondis alors que la contamination irréversible du vivant est réelle. Serions-nous tous des cobayes ?« .
Mon avis : Jean-Paul Jaud a filmé dans le plus grand secret l’expérience menée pendant deux ans par le professeur Gilles-Eric Séralini sur les effets d’un OGM de maïs (qui lui permet d’être tolérant au roundup) sur les rats… Vous en avez forcément entendu parler ces derniers mois et Monsanto a déjà contre-attaqué en essayant de discréditer cette étude… Alors qu’au siège de l’ONU à Genève, Olivier De Schutter rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation venait le 8 mars 2011 de conclure que le seul modèle agricole viable sur le long terme était l’agroécologie (voir ici, désolée, je n’ai trouvé que la version officielle résumée en anglais, le lien dans le pdf vers la version intégrale multilingue ne fonctionne plus), le tsunami a entraîné trois jours plus tard la destruction de la centrale nucléaire de Fukushima… Dans les deux cas, la folie des hommes (manipulation du vivant pour les OGM, radiations pour des millénaires pour le nucléaire) entraîne des conséquences irréversibles et à long terme… Un public « acquis à la cause », et pourtant, une de mes voisines de fauteuil, d’un certain âge, a découvert seulement ce jour là qu’on était passé à deux doigts de la catastrophe nucléaire au Blayais lors de la tempête de 1999 (la tempête a submergé les installations, l’évacuation de Bordeaux a sérieusement été envisagée)… Ce n’est pas dans le film, mais presque 13 ans après, les travaux de rehaussement de la route d’accès à cette centrale ne sont toujours pas correctement réalisés, comme l’a montré le rapport post-Fukushima. Un film à voir absolument, à faire connaître, en attendant la sortie officielle en librairie du livre du professeur Gilles-Eric Séralini.
Pour aller plus loin :
– dimanche 7 octobre 2012 à Vivonne (Vienne) : cinquième fête des cueilleurs de biodiversité, participez à la récolte et à la sélection du maïs population à la ferme de Vaumartin, plus de renseignements sur le site du réseau des semences paysannes [je cherche une possibilité de co-voiturage pour y aller, la gare de Vivonne est un peu loin].
– économisez l’énergie [j’en suis à moins de 180€ par an d’électricité et 80€ de gaz, surtout de l’abonnement à ce niveau, hors chauffage et eau-chaude, collectifs, mais avec une très faible consommation en mètres-cubes].
Si vous voulez allez plus loin dans la démarche et si ce fournisseur est disponible chez vous, changez de fournisseur d’électricité et choisissez Enercoop (recommandé par Jean-Paul Jaud) et arrêtez de financer les centrales nucléaires (enfin, ça sera toujours le contribuable qui paiera le stockage des déchets voire le démantèlement des centrales). 15 à 25% plus cher (d’après le devis que j’ai fait faire), l’engagement à un coût… que je n’ai pas encore franchi [PS : que j’ai franchi au 1er janvier 2013].
– mangez bio si vous le pouvez, au moins, vous éviterez les pesticides (revoir dans Severn, Nos enfants nous accuseront les dégâts sur les agriculteurs) et vous pourrez même tester certaines recettes avec des épluchures . Vous serez aussi certain de ne pas manger du poulet ou du bœuf nourri aux maïs et soja OGM, en élevage conventionnel, ce type de nourriture est devenu habituel… voir ici une comparaison du prix du poulet.
– le 16 octobre 2012, ne ratez pas sur Arte le reportage de Marie-Monique Robin (présenté le week-end dernier en avant première à l’écofestival de Parthenay) et achetez son livre… Les moissons du future, comment l’agroécologie peut nourrir le monde.
PS: je reviens très vite vous parler à nouveau de ma centrale nucléaire préférée (Civaux), construite sur le karst, ses problèmes avec la sécheresse, avec une petite crue de la Vienne (et une promenade imprévue de carburant radioactif), une fuite de tritium en janvier 2012, la suite de cette fuite (février 2012)…
ccou veronique ! !roo oui alorrs on mange quoi ??? ……………ils faudrait peut etre penser aux pilules nutritives !!!! !????????? retour vers le passé ???? aussi ce serait bien !!! heuh oui les pauvres rats quand meme !!! bisous doux veronique !!!
Tu achètes local à des producteurs qui acceptent que tu passes voir chez eux et tu t’assures auprès qu’ils ne nourrissent pas leurs animaux aux OGM ni aux tourteaux de certaines marques (qui contiennent systématiquement des OGM), tu fuis les plats tout préparés et tu te mets aux fourneaux (de toute façon, ils sont trop salés, trop gras, trop de conservateurs, trop de molécules aux interactions mal connues)… C’est meilleur et pas plus long, tu prépares plus de parts et tu congèles (en sacs sans bisphénol et autres perturbateurs endocriniens)… Tu évites aussi les poissons carnassiers (fin de chaîne alimentaire, plein de métaux lourds)… Ce n’est pas très difficile, au final, de moins s’intoxiquer, sauf pour le lait et la viande, là, hors bio, difficile d’avoir des garanties.
je sors du ciné » Du vent dans les mollets » j’ai beaucoup aimé … La semaine dernière » Les saveurs du palais » avec l’excellente Catherine Frot que j’adore. Gros bisous, merci Véro et bon gros dodo.
je suis comme ta voisine de film, je découvre ça aussi! bon, je vais relire l’article, voir si je pige comment ça marche pour l’électricité; avec la chelinée on a bien réduit la consommation… je fais le plus possible attention dans mon quotidien, et je n’ai pas attendu les consignes du grand Poitiers pour ne sortir mon bac à ordures que quand il est plein! remarque, j’avoue que j’avais plus pensé aux éboueurs qu’aux arrêts évités pour le camion… à chacun son approche… je suis un peu décontenancée par le nouveau bac, je me demande bien comment ils vont trier ces tout petits objets en plastique, même si je n’en achète pas bcp, du genre pots de yaourts. j’ai toujours mes épluchures de pommes au congèl, ce n’est pas évident pour moi de cuisiner ça, je veux dire « psychologiquement ». je voulais mettre autre chose, et j’ai oublié quoi…alors @ plus! et merci pour notre « éveil » environnemental.
Oui, mais contrairement à elle (et comme à la quasi totalité des personnes présentes à la projection), tu n’es pas militante anti OGM et/ou anti-nucléaire… après la tempête, cela a arrangé EdF que l’on parle des dégâts de la tempête et pas du dérapage au Blayais. Mais on a frôlé la catastrophe, l’alimentation électrique de la centrale est tombée en panne, les moyens de secours ne pouvaient pas arriver (route submergée)… Premier signalement sur le site de l’autorité de sûreté nucléaire (ASN), et l’analyse par l’IPSN (institut de protection et de sûreté nucléaire) mi janvier 2000… Depuis, il y a eu des dizaines d’articles dessus, et cela a été analysé dans le rapport post-Fukushima de l’ASN, qui a révélé que la route d’accès n’était toujours pas à une hauteur satisfaisante (voir page 5 du pdf).