La porte Saint-Michel, sur le côté nord de la cathédrale, est construite dans le premier quart du 13e siècle. La sculpture développe le thème de l’enfance de Jésus, rapportée un peu dans le désordre… Je vous ai déjà montré la sculpture du piédroit droit (ouest) avec l’Annonciation, la Visitation et l’adoration des mages, je vous montre aujourd’hui celle du piédroit gauche (est, encadré sur la photo), qui se répartit à la fois sur les chapiteaux et sur leurs tailloirs (revoir si besoin les éléments d’un chapiteau : corbeille, tailloir, astragale).
Je vais présenter l’article dans l’ordre biblique des événements…On commence par le tailloir, qui se lit à peu près de gauche à droite en illustrant le deuxième chapitre de l’Évangile de Matthieu.
Je ne comprends pas trop la première scène, et oui, c’est mal parti… Un arbre, des oiseaux aux ailes déployées qui semblent attaquer un homme agenouillé devant eux, et sur la droite, un personnage debout dans un décor d’architecture.
Juste devant, c’est plus clair. Les rois mages comparaissent devant Hérode (Matthieu 2, 7-9) : le roi Hérode demande aux rois mages d’aller se renseigner sur la naissance de Jésus. Au passage, vous remarquez l’étoile du berger entre la tête du premier roi mage et Hérode.
On tourne un peu, et on voit derrière Hérode assis sur son trône un ange… ou plutôt, un démon, ailé mais à la tête monstrueuse, le diable qui souffle les idées à Hérode.
On continue vers la droite… Deux scribes sont assis devant Hérode qui est toujours mal conseillé par son démon…
Voici les scribes, un jeune imberbe à gauche et un plus âgé droite.
Et voici Hérode sur son trône suivi du démon qui lui met la main sur l’épaule…
Sur la dernière scène du tailloir, ça se gâte pour Hérode. Le peuple à pied suit les rois mages à cheval. Tous suivent l’étoile (qu’ils montrent tous du doigt) et vont aller rendre hommage à Jésus.
Voici les deux rois mages de tête sur leur cheval, le deuxième à son manteau qui vole au vent…
L’adoration des mages (Matthieu 2, 11) est représentée sur l’autre piédroit du portail.
Ensuite, il faut descendre sous la corbeille du chapiteau tout à droite. Nous y voyons la fuite en Égypte (Matthieu 2, 13-15) : Joseph ayant appris par un songe le projet de massacre des enfants par Hérode a décidé de fuir en Égypte avec Marie et Jésus et d’y rester jusqu’à la mort d’Hérode. Vous pouvez voir une autre fuite en Égypte à Poitiers, plus ancienne (romane, du 11e siècle), sur un chapiteau du transept sud dans l’église Saint-Hilaire-le-Grand. Remarquez au passage qu’ici Joseph porte toujours la calotte juive.
Marie monte son âne en amazone, avec son enfant sur les genoux. Derrière elle, un décor végétal.
Derrière Marie se tient un personnage très endommagé, pas facile à identifier. Même si les ailes ne sont pas visibles, j’y aurais bien vu l’ange du songe de Joseph, mais sans aucune garantie.
Tout le reste représente le massacre des innocents (Matthieu 2, 16-18) : le roi Hérode ordonne aux soldats de tuer tous les enfants mâles de moins de deux ans, se vengeant ainsi de ce que Jésus lui ait échappé. On en trouve plusieurs à l’époque romane en Poitou-Charentes, par exemple en Charente-Maritime à l’abbaye aux Dames de Saintes ou sur le portail de l’église de Nuaillé-sur-Boutonne près d’Aulnay.
Tout à gauche, Hérode, toujours assis, et toujours conseillé par un mauvais génie… Ici, on voit très bien ses ailes, sa nudité (par opposition aux riches vêtements des anges) et sa tête simiesque.
Devant se déroule le massacre proprement (salement?) dit.
Les soldats se livrent au massacre. Au centre de l’image, vous devez réussir à voir une épée enfoncée dans sa victime, malgré la saleté de ce chapiteau.
Voici un détail des enfants morts…