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Johnson m’a tuer, de Louis Theillier

pioche-en-bib.jpgCouverture de Johnson m'a tuer, de Louis TheillierCela fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de bande dessinée… J’ai emprunté celle-ci la médiathèque.

Le livre : Johnson m’a tuer, journal de bord d’une usine en lutte, de Louis Theillier (récit et dessin), éditions Futuropolis, 2014, 95 pages, ISBN 9782754810241.

L’histoire : à Bruxelles, le 31 janvier 2011. La direction anglaise de Johnson Mattey annonce la fermeture de son usine belge. Depuis plusieurs jours, les 300 employés avaient constaté le départ des matières premières qui servent à leur travail, platine et métaux précieux utilisés notamment pour la fabrication de catalyseurs de pots d’échappement. Pourtant, la multinationale est largement bénéficiaire, l’usine belge aussi, mais il s’agit de délocaliser l’activité en Macédoine. Employé depuis cinq ans dans cette usine, Louis Theillier croque au jour le jour, avec son style à bille, la lutte, les négociations des indemnités de licenciement…

Mon avis : cette bande dessinée est la reprise en un volume d’une bande dessinée éditée en 350 exemplaires diffusés toutes les trois semaines (en 6 tomes dont on ne voit pas les séparations ici), comme moyen de communication interne et externe, permettant de relayer le combat des ouvriers auprès des médias. Elle était aussi diffusée sur le blog de la lutte. Depuis la fermeture d’une usine Renault, en Belgique, il existe un système complexe de négociations et de calcul d’indemnités supra-légales, sur la base d’une « grille Claeys » (amis poitevins, rien à voir avec le maire de feue la capitale régionale de Poitou-Charentes…). La bande dessinée présente la lutte depuis l’intérieur, tracée par un salarié de l’entreprise. Il n’y a donc pas le recul d’une analyse « après coup », par un journaliste, un sociologue (La communauté de Hervé Tanquerelle et Yann Benoît, première et la deuxième parties) ou un auteur de bande dessinée (Les mauvaises gens, d’Étienne Davodeau). AU fil des pages, le dessin de Louis Theillier évolue, l’auteur se pose des questions sur son travail, la pression de la parution (tenir le blog, l’édition papier) et des employeurs qui voient d’un mauvais œil son travail. Il montre les négociations, mais aussi les interrogations des employés et ouvriers sur les syndicats, la fracture avec la direction, …

Au fil des pages, il est aussi question des luttes proches (les Contis de Clairoix, d’Arcelor Metal – dont le leader, depuis, Édouard Martin, récupéré par le PS, a mal tourné), de Indignez-vous! de Stéphane Hessel.

Bienvenue à Oakland de Eric Miles Williamson

Couverture de Bienvenue à Oakland de Eric Miles Williamson

pioche-en-bib.jpgJ’ai trouvé ce livre parmi les nouvelles acquisitions de la médiathèque. Oakland, en Californie, et non Oakland, en Nouvelle-Zélande, on en parle pas mal dans la presse ces dernières semaines, l’occupation du port par Occupy Wallstre et y a dégénéré début novembre (voir l’article du Monde)…

Le livre : Bienvenue à Oakland de Eric Miles Williamson, traduit de l’américain par Alexandre Thiltges, collection Littérature étrangère, éditions Fayard, 2011, 412 pages, ISBN 978-2213654256.

L’histoire : de nos jours à Oakland, dans la baie de San Francisco aux États-Unis. T-Bird Murphy, la quarantaine, fils d’immigrés irlandais, a vécu son enfance en marge d’un garage avec son beau-père (sa mère semble les avoir abandonné très tôt). Ses deux demi-frères sont morts de mort violente. Lui-même travaille, petit boulot après petit boulot, mais n’a pas les moyens de se payer un appartement, alors, comme beaucoup à Oakland, il vit dans un box de parking. Un quartier pauvre, où noirs et Mexicains, quelques rares blancs, vivent dans la violence permanente. Au bar, avec un groupe de copains aussi paumés que lui, ils tentent d’aider un ami qui a peut-être commis un meurtre, en tout cas, qui vit étrangement, et finit « enlevé par le FBI ». À partir de là, dans un long monologue, T-Bird Murphy revient sur sa vie, son enfance, la première fois où, travaillant pour un job d’été, il se fait avoir par un blanc riche (ou du moins plus riche que lui et ses amis) dans son quartier et comment les amis de son père vont le venger en chassant cet intrus du quartier… comment il a dû arrêté de jouer de la trompette après avoir eu les dents défoncées dans une bagarre dans le mariage qu’il animait… Comment il finit par avoir un emploi d’éboueur, avec un camion qui lui est attribué… et qui devient son nouveau logement…

Mon avis : j’ai eu du mal à entrer dans ce livre écrit à la première personne, au style familier, direct, parfois violent… Il a deux parties bien différentes, d’abord avec la tentative d’aide d’un ami peut-être meurtrier, en tout cas certainement fou, puis le long retour sur toute la vie du narrateur, passée et actuelle. Finalement, c’est une description brute du revers du rêve américain, un quart-monde avec des « travailleurs pauvres », comme on dit pudiquement chez nous…

Logo rentrée littéraire 2011Ce livre est le dernier lu dans le cadre du défi 1 % rentrée littéraire 2011, coordonné cette année par Hérisson