Les premiers déportés étaient Espagnols… hommage à Angoulême

Angoulême, stèle aux déportés républicains espagnolsLa ville d’Angoulême a érigé plusieurs monuments, stèles et plaques commémoratives en lien avec la seconde guerre mondiale, dont une stèle commémorative aux Tsiganes, un monument commémoratif des bombardements des 15 Juin et 14 Août 1944 et le monument aux déportés situé près de la gare. A côté de celui-ci se trouve une stèle inaugurée en janvier 2008 qui rappelle, en français et en espagnol (castillan?) cet épisode :

Le 20 août 1940 / le premier train de la déportation / de la seconde guerre mondiale / est parti de cette gare d’Angoulême / vers le camp d’extermination / de Mauthausen / avec 927 républicains espagnols. / La plupart seront exterminés, / véritable crime contre l’humanité / N’oublions pas

El 20 de agosto de 1940, / salío de esta estació de Angulema hacia / el campo de exterminio de mauthausen, / el primer tren de deportados / de la segundo guerra mundial. / en é iban 927 republicanos españoles. / La mayoría során exterminados / en un verdadero crimen contra la humanidad / No les olvidemos.

Ces Républicains, qui avaient afflué avec la « retirada » en janvier/février 1939, étaient auparavant enfermés dans différents lieux et dans des camps dans la région d’Angoulême, dont La Combe aux Loups à Ruelle-sur-Touvre. Les Allemands, qui occupaient Angoulême depuis le 24 juin 1940, décident le 13 juillet de regrouper ces « rouges espagnols » dans un camp à proximité de la voie ferrée, au sud-ouest de la ville, ainsi naît le camp des Alliers ou de Saliers à Sillac, où seront ensuite internés les Tsiganes. Les autorités françaises auraient voulu expédier les Espagnols en zone libre, mais le 20 août 1940, les Allemands prennent le contrôle du camp et embarquent tout le monde dans des wagons de marchandise. Sur les 927 déportés de ce convoi, 490 hommes et enfants de plus de 13 ans ont été internés et contraints aux travaux forcés, seuls 73 en sont revenus. Les 437 femmes et jeunes enfants ont été renvoyés en Espagne et livrés au régime franquiste.

Le camp de Mauthausen a été construit dès 1938 comme camp de travaux forcés autour d’une grande carrière de granite. Il reçoit d’abord des prisonniers de droit commun allemands puis des militants antifascistes autrichiens et tchèques. A partir du 6 août 1940, ce sont des civils militants républicains espagnols qui viennent grossir les rangs de ce camp. Le convoi d’Angoulême est le premier à partir de France.

Photographies de novembre 2010

Pour en savoir plus sur ce convoi : voir le dossier paru dans le n° 62 (septembre 2009) de Mémoire Vivante, bulletin de la Fondation pour la mémoire de la Déportation, Le train d’Angoulême, premier convoi de déportés parti de France.

Pour en savoir plus sur le camp de Mauthausen, voir le mémorial (version complète en allemand, assez complète en anglais, résumés dans les autres langues) et le site officiel de l’amicale de Mauthausen (en français).

Sur la ré-utilisation du camp pour l’internement des tsiganes, voir l’histoire romancée par Paola Pigani, N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures.

4 réflexions sur « Les premiers déportés étaient Espagnols… hommage à Angoulême »

  1. mamazerty

    je n’irai pas sur les liens sur Mauthausen,le nom seul me glace les sangs, j’ai beaucoup lu sur la guerre 39/45 dans une période de ma vie et c’est tellement cauchemardesque que je n’arrive plus à en lire davantage, là j’ai la gorge serrée et les larmes aux yeux rien qu’à ce nom….Les rouges espagnols méritent bien cet hommage!!!!

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  2. HUERTA Manuel

    Bonjour,
    Pour la petite histoire, cette stèle a été érigée après bien des difficultés. Initialement j’avais eu l’idée d’une plaque commémorative à la gare d’Angoulême: la SNCF a refusé.
    Un monument à la mémoire des déportés existant devant celle même gare, nous avons demandé à L’Association des Déportés l’autorisation de visser une petite plaque sur le côté. Refus catégorique de la présidente (sans doute pour ne pas mélanger les serviettes et les torchons). Finalement, après avoir exposé nos souhaits à la Mairie, devant les Anciens Combattants et les édiles, la Mairie d’Angoulême nous a octroyé quelques mètres de trottoir devant la gare et nous a aidés à la mise en place de la stèle.
    Les Anciens Combattants n’ont pas compris l’attitude de L’Association des Déportés et nous ont apporté leur soutien.
    Bien cordialement, MH

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