De passage à Paris ce week-end (27 janvier 2018), comme des centaines (milliers ?) de badauds, je suis allée voir le Zouave du pont de l’Alma, dans l’eau jusqu’à mi-cuisse. Du coup, je réédite cet article déjà ancien, qui parle un peu plus de la statue 😉
Article du 28 décembre 2010
Puisque la première petite crue du Clain à Poitiers n’a pas fait la une des journaux (le niveau de l’eau a déjà rebaissé, d’ailleurs…), mais que l’on parle beaucoup ces jours-ci du Zouave du pont de l’Alma qui a les pieds dans l’eau, je vous emmène aujourd’hui visiter ce pont. D’abord avec quelques photographies qui datent de début novembre 2010, avec une vue du pont entièrement reconstruit en 1970. Le Zouave est resté côté amont, mais est passé de la rive gauche vers la rive droite.
Sur les quatre statues qui s’y trouvaient à l’origine (voir plus bas), seul a été gardé le Zouave, œuvre de Georges Diebolt inaugurée en 1858.
A ses pieds (bon, il faudra attendre que l’eau baisse pour le voir par vous-même) se trouve tout son attirail, ses armes, son paquetage de soldat…
Retournons un peu en arrière avec cette carte postale ancienne. Le pont de l’Alma a été construit par l’ingénieur Gariel certes pour franchir la Seine, mais aussi pour célébrer la victoire des troupes franco-anglaises sur l’armée russe le 20 septembre 1854 à Alma lors de la guerre de Crimée, d’où la commande par l’empereur Napoléon III pour orner les piles du pont de quatre statues de 6m de haut de soldats en pied représentant les quatre armes qui avaient participé à cette bataille. Deux sculpteurs sont sollicités, Auguste Arnaud (né à La Rochelle en 1825, décédé en 1883) pour sculpter côté aval (vers la Tour Eiffel) l’Artilleur et le Chasseur à pied (je n’ai pas trouvé d’image ancienne) et Georges Diebolt (né à Dijon en 1816 et mort à Paris en 1861) pour réaliser le Grenadier (rive droite) et le Zouave (rive gauche) côté amont.
Sur la première carte postale, on voit 3 statues et quatre arches, y a-t-il eu un pont entre celui de 1855 et celui de 1970? Je n’ai pas eu le temps de chercher plus, et sur la carte plus récente, d’après la Seconde Guerre Mondiale, il n’y a plus que deux statues côté amont, qui sont bien le Grenadier et le Zouave [PS : à la réflexion, je pense qu’en dépit de la légende Pont de l’Alma, la première carte postale pourrait être un autre pont… les Invalides colleraient en nombre d’arches, mais la Tour Eiffel semble trop loin; les statues ne sont pas bien visibles, même avec une loupe, sur la carte postale].
Pour ajouter à la confusion, cette carte postale a pour légende « Le voltigeur »… qui est en fait un autre nom du grenadier (c’est la même arme, en fait). Il se trouve aujourd’hui à Dijon, ville natale du sculpteur Georges Diebolt (face au lac de Kir où il est curieusement éclairé en bleu blanc rouge la nuit, voir sur le site de la ville de Dijon), alors que l’artilleur d’Auguste Arnaud se trouve à La Fère dans l’Aisne (ville où Louis XV avait créé la première école d’artillerie du royaume de France en 1719, à découvrir sur le site officiel de la commune) et que le Chasseur à pied du même Auguste Arnaud domine à Vincennes l’autoroute A4, à la redoute de Gravelle…
Passons à la crue de 1910… Le Zouave à de l’eau jusqu’aux épaules, la foule se presse sur le pont (je pense que si la crue avait cette ampleur aujourd’hui, le pont serait fermé…)…
Voici le Zouave de plus près…
Et le chasseur à pied…
Pour la route, une dernière vue générale, un jour où le pont était moins chargé en spectateurs. Ah si, une dernière précision, la hauteur du pont a un peu changé lors de sa reconstruction, je ne sais pas si les pieds du Zouave sont à la même hauteur qu’en 1910.
Pour aller plus loin : Je vous conseille d’aller lire le dossier sur les statues des ponts de Paris (vous pouvez télécharger le pdf, regarder la vidéo et découvrir les autres dossiers sur le patrimoine parisien sur le site de la ville de Paris).
effectivement quelques anciennes photos sont surprenantes……bel après midi
j’aime bien tes articles, tu nous apprends plein de choses, la crue de 1910 ma grand mère m’en parlait tout le temps c’était l’année de sa naissance et elle me disait que le zouave effectivement avait de l’eau jusqu’aux épaules.
je connais surtout le pont de l’alma depuis la mort de diana
merciii une fois de plus pour ce très booo reportage
grossss bisouss
cagouille
Ces vues de la crue de 1910 sont toujours impressionnantes. Il est à souhaiter que ça ne se reproduise jamais, je n’ose pas imaginer les dégâts !
Un jour ou l’autre, il y aura une nouvelle grande crue, les aménagements d’épandage de l’eau en amont de Paris ne seront sans doute pas suffisants en cas de gros d’eau… A voir si les aménagements pour la Charente protègeront Saintes et Courcoury pour la prochaine décennale…
je vérifierai pour le bleu blanc rouge 😉
en tout cas c’est vrai qu’il est à Dijon face au lac kir
Vous pouvez retrouver le grenadier du pont de l’Alma sur Google Earth à mon nom,photos prises le 01/02/2011 à Dijon.
Très bon article!!!!!! Merci pour le partage!
amicalement de l’Argentine
J’aime les cartes postales anciennes et je passe tous les jours devant le chasseur à pied de Vincennes sur l’A4. Désireux d’en savoir plus, je suis aussi tombé sur cette TRES BONNE page de votre blog. J’attire cependant votre attention sur un petite imprécision/incohérence entre la carte dite du voltigeur et votre commentaire « pour ajouter à la confusion… » : la carte intitulée « voltigeur » montre en fait l’artilleur d’Auguste Arnaud actuellement à La Fère et non pas le grenadier de Dijon… Plus bas en outre, la carte « 103- maximum de la crue… » porte un nom de fichier jpg contenant « voltigeur_1910 » et, cette fois-ci, la carte montre le chasseur à pied de Vincennes (!), reconnaissable à la baïonnette visible à hauteur de tête. A confusion, confusion et demi…
ce zouave est le plus célèbre !!! cath
impressionnant ces photos de la crue! je n’avait jamais fait attention a ce pont, je n’avais pas vu qu’il n’était plus en pierre. gros bisous. cathy
Quand j’habitais à Ablon, on a eu une, voire la, dernière inondation… parviens plus à me rappeler…. si le zouave avait les pieds dans l’eau, ce qui était déjà une belle crue. Je vais retrouver la photo…… Tu me rappelles beaucoup de souvenirs là….en 1958!
Impressionnantes ces images d’archive d’inondations !
Lorsque j’entends parler du Zouave du Pont de l’Alma je ne peux m’empêcher de fredonner « ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine… » !!!
Merci d’avoir republié cet article sur le zouave, très intéressant…
Le commentaire de Zazimuth m’a fait sourire, moi aussi, je fredonnerais volontiers « ça vaut mieux que d’attraper la scarlatine, ça vaut mieux que d’faire le zouave au pont d’l’Alma.. »… chanson qui ne doit plus rien évoquer aux jeunes générations…
Bises, belle journée
j’espère qu’il aime l’eau ce brave!
Effectivement, la photographie que vous montrez du pont avec 3 statues n’est pas le pont de l’Alma (malgré la légende car beaucoup d’erreurs d’identification ont été faites lors de la publication des cartes postales de la crue 1910) mais bien le pont des Invalides placé juste en amont du pont de l’Alma.
D’autre part, d’après tous les livres de référence traitant de l’histoire des ponts de Paris, il n’y a jamais eu que deux ponts de l’Alma.
Une information qui circule sur internet depuis quelques années et se propage de site en site : Le Zouave du pont de l’Alma aurait été positionné en aval sur l’ancien pont. Or plusieurs photographies de l’ancien pont montrent clairement qu’il était positionné sur la pile rive gauche en amont du pont.
Merci de nous rafraîchir la mémoire ! C’est passionnant