Je vous ai montré lundi la Jeanne d’Arc d’Antonin Mercié à Toulouse et vous signalais alors que Jeanne d’Arc était figurée sur quelques monuments aux morts, par exemple en Poitou-Charentes. Charlotte Pon en a parlé dans le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République, comme d’un cas particulier. En ce 8 mai, jour de commémoration de la seconde guerre mondiale, je vous montre un monument aux morts érigé pour la première guerre mondiale, et qui sert de lieu de recueillement et de mémoire pour toutes les guerres.
En allant rendre visite l’autre jour à Jardin zen, j’ai donc fait une halte au retour à Sommières-du-Clain. Là, le monument aux morts a été commandé par une riche famille de la commune, les Vareilles-Sommières (propriétaires du château qui domine l’église), à Maxime Real del Sarte, un sculpteur ultra catholique engagé, qui a réalisé d’autres monuments en hommage à Jeanne-d’Arc, mais juste pour la commémorer (vous pouvez apercevoir celle du square des cordeliers ou square Jeanne-d’Arc à Poitiers à gauche de la photo en bas de cet article, je lui en consacrerai un à part entière prochainement, et une liste plus longue des œuvres de ce sculpteur dans le dossier documentaire du service de l’inventaire de Poitou-Charentes). Entre la commande et la pose du monument devant la mairie, la municipalité avait changé et il semble que c’est la raison pour laquelle, quand vous allez à la mairie de Sommières-du-Clain, vous découvrez la face avec la liste des morts des guerres et non la face sculptée.
Revenons à celle-ci. Le soldat mourant, enveloppé dans le drapeau national, est soutenu par Jeanne-d’Arc, avec son auréole de sainte, son armure et son épée au côté. L’oeuvre avait été commandée fin 1919, au moment de la sculpture, elle venait juste d’être canonisée en 1920 par Benoit XV.
La voici de plus près, vous pouvez remarquer qu’elle porte aussi dans sa main droite une couronne de feuilles de chêne, probablement plus symbole de la force plus que couronne civique ici.
Elle lève sa main gauche vers le ciel…
… en direction d’un élément d’architecture qui pourrait être une cathédrale, mais symbolise probablement plutôt l’Église en tant qu’institution et donc le salut de l’âme du soldat si l’on tient compte de l’engagement militant, virant même au prosélytisme, de Maxime Réal del Sarte. Étonnant, ce monument aux morts, non ?
Si vous voulez voir d’autres Jeanne-d’Arc sur des monuments aux morts en Poitou-Charentes, vous pouvez acheter le Parcours du patrimoine consacré aux monuments aux morts avec une allégorie de la République (de Charlotte Pon, paru chez Geste éditions en novembre 2008) ou aller voir dans le nord des Deux-Sèvres, à Bressuire (une grande commune, il y en a deux, l’une à Saint-Porchaire, l’autre à Chambroutet), ou encore au Tallud, dans le même département, près de Parthenay (les liens renvoient aux dossiers documentaires). Dans ces trois derniers cas, il faut se rappeler que nous sommes assez près du secteur des guerres de Vendée, sous la Révolution, où le catholicisme est (était?) fortement implanté et où vous pouvez aussi voir de gigantesques calvaires du 19e et du début du 20e siècles assez impressionnants.
Post-scriptum : une lectrice du blog m’a signalé un monument identique à Briey, en Meurthe-et-Moselle, je suis allée voir (en ligne) et ai trouvé cette photographie : il s’agit d’un tirage en bronze. J’essayerai de savoir pourquoi et comment il est arrivé là… Lequel des deux est l’oeuvre originale? En tout cas, j’ai pu comparer les deux monuments grâce à Zazimuth.Et je pense pour Briey comme original, mais c’est intuitif…
en ce 8 mai, un article sur les monuments aux morts est une évidence
La couronne me paraît être plutôt composée de feuilles de lauriers devant et d’érable à l’arrière …
A vos loupes Véronique ! Les lauriers renvoyant à la gloire tandis que le chêne à la République.
Merci de vos éclairages.
Cordialement.
Charlotte Pon avait mis chêne, je n’ai pas vérifié de près… Je m’y arrêterai la prochaine fois, je ne pense pas pouvoir vérifier sur photo!
Bravo Véronique,
J’ai vraiment apprécié vos reportages sur les monuments aux morts comportant une Jehanne…
Pour votre information :
– La ville de Briey (54) possède également le même monument aux morts que celui de Sommières du Clain, que j’ai pu admiré.
– Rien que dans le Doubs, il y a 18 monuments aux morts avec une Jehanne.
– Maxime Réal del Sarte a ciselé pour « Les Eparges » (55) un beau monument aux morts des 106è et 132è Régiments d’Infanterie ou Jehanne accueille un poilu au ciel (Piéta où elle est représentée la tête casquée, soutenant sur ses genoux, recouvert d’un drapeau, un soldat exsangue.
– Pour la petite histoire Maxime Réal del Sarte était aspirant au 366è Régiment d’Infanterie, pendant la guerre de 1914-18. Il fut grièvement blessé aux Eparges sur le front de Verdun, le 29 janvier 1916, par un éclat d’obus qui lui emporta une partie de l’avant-bras gauche. Menacé de gangrène gazeuse, il fut amputé.
– De même, si cela vous intéresse, vous pouvez vous procurer un livre sur Maxime Réal del Sarte en téléphonant au 02 37 51 44 29 – Librairie des Arts & Métiers Editions – BP 23 – 28210 Nogent Le Roy.
Car ce livre regroupe la plupart des œuvres du sculpteur.
Merci encore pour votre travail que vous nous transmettez, et je suis bien placée pour savoir ce que cela représente.
Je vous embrasse.
Chantal
Une Amie de Jehanne…
Merci beaucoup pour ces informations. J’ajoute sur l’article un post-scriptum sur Briey, et essayerai de voir avec mes collègues du service de l’inventaire du patrimoine culturel de Lorraine si je peux trouver des informations complémentaires
je suis à 5 kms !!
bizzes
cagouille
une Jeanne d’Arc guerrière ! bisous cath