Je ne vous ai pas beaucoup parlé de la période de la Renaissance sur Poitiers. Elle s’y développe vers 1525 avec la fin du chantier du château de Bonnivet (commune de Vendeuvre), château aujourd’hui détruit et auquel le musée de Poitiers avait consacré une exposition il y a quelque temps (à découvrir sur le dossier en ligne. Si vous passez à Poitiers, vous pourrez admirer le riche décor de l’hôtel Berthelot (1529). Pour la seconde Renaissance, les hôtels se multiplient avec l’hôtel Pélisson (1557) ou celui de Jean Beaucé (1554). C’est de ce dernier que je vais parler aujourd’hui… [l’article est illustré de cartes postales anciennes, de photographies avant restauration en septembre 2010, complétées par les photographies après restauration en janvier 2014].
Bon, nous sommes rue Lebascle, juste derrière l’hôtel de ville, en plein secteur de cœur d’agglomération (d’où les barrières), mais ici, le ravalement n’a pas commencé (la photographie date de septembre 2010)… Il en aurait pourtant bien besoin!
[et maintenant, c’est fait! voici ce que ça donne après restauration!]
Jean Beaucé était un financier. Il prêta son hôtel particulier en 1558 pour le colloque fondateur des églises réformées de France, puis en 1561 pour le deuxième synode national des églises réformées.
Il a accordé un soin tout particulier au décor des fenêtres. Pas de petits motifs sculptés sous chaque appui comme on peut en voir à la maison des Trois-Clous dans la Grand’Rue ou à l’hôtel Fumé (université de lettres, rue René-Descartes), exemples poitevins que je vous monterai un jour, mais oui, c’est promis, mais quand même un décor soigné, qui joue sur le vocabulaire de l’architecture, tour d’escalier hors-œuvre entre la deuxième et la troisième travée, pilastres cannelés, etc. (il faudra que je complète ma page sur le vocabulaire d’architecture…).
Vu l’état de ce bâtiment, je retournerai faire des photographies de détail après restauration (j’en ai aussi prises maintenant), les propriétaires de la place ont tous été sommés de procéder à un ravalement dans les deux à trois ans selon le cas. Il paraît, si j’en crois Centre presse du 20 novembre 2010, que le maître d’œuvre a été choisi…
[… et voici le résultat, très réussi!]
[Et la lucarne gauche, désormais lisible, mérite que l’on s’y penche de plus près, voir la belle lucarne révélée par la restauration]
Allez, je vous mets une autre carte postale ancienne, on y voit moins son état de délabrement! Et je vous épargne la façade néo-renaissance construite à l’arrière en 1912 rue Louis-Renard [après restauration, elle mériterait quand même un article]. L’hôtel fut occupé par la Feldgendarmerie durant la Seconde Guerre mondiale, mais c’est une autre histoire que je vous raconterai peut-être un jour.
La tour d’escalier que l’on devine sur le côté à droite est une création du 19e siècle, lorsque l’hôtel particulier a été agrandi [oups, j’ai oublié de reprendre une photo après restauration].
Et pour vous repérer, voici une photographie aérienne publiée en carte postale dans les années 1960, recadrée sur l’hôtel de ville, l’hôtel de Beaucé, le collège Henri IV et la chapelle Saint-Louis.