Le musée du quai Branly à Paris organise jusqu’au 14 septembre 2008 une exposition dossier (donc entrée avec l’entrée du musée) dans la galerie suspendue est, exposition intitulée Polynésie, arts et divinités, 1760-1860. S’il y a certes de très beaux objets, à voir absolument, le parti pris par le musée me dérange beaucoup. À nouveau, il s’agit de présenter les objets pour leur « beauté », mais ils sont absolument déconnectés de leur contexte ethnographique ou de leur usage. Si le visiteur veut comprendre ce qu’est un battoir à écorce ou comment se fabrique le papier en écorce (en fait, c’est à peu près comme la fabrication du papyrus), il n’a aucune explication dans l’exposition ni dans le catalogue. Pas sûr non plus que dans les salles du musée, il arrive à trouver dans la multitude de minuscules écrans le petit film qui en parle… Et les masques en plume, comment étaient-ils fabriqués ?
De même, il y a un long développement sur la collecte de ces objets et la christianisation de ces îles, mais rien sur le cannibalisme dont ont été victimes certains de ces missionnaires. Si, quand même un petit post-it de 20 cm de long montre l’usage des grands tambours avec en arrière-plan une scène de cannibalisme. Et pourtant, la maladie de Creutzfeldt-Jakob a été décrite pour la première fois dans ces îles, chez des cannibales qui avaient mangé des cerveaux de personnes trop âgées atteintes de cette maladie ! Pourquoi ne pas en parler ? Cela fait partie de la culture de certaines de ces îles, et certains objets ne peuvent pas se comprendre en dehors des cérémonies très particulières qui ont pourtant été décrites très tôt par les voyageurs et les missionnaires… Sans doute les responsables de cette exposition pensent-ils que ça dévalorise les hommes (et les femmes, on n’en parle jamais) qui ont créé ces » beaux objets » que de dire que certains étaient liées à des pratiques cannibales.
Si vous êtes à Paris ou si vous y passez dans les prochains jours, allez quand même voir cette exposition, certains objets sont vraiment exceptionnels. mais si vous voulez savoir à quoi ils servent, comment ils ont été fabriqués, ne comptez ni sur le catalogue, ni sur l’audioguide. Passez un peu de temps dans la section Polynésie, sur les petits écrans en bordure de salle, ou renseignez-vous par d’autres moyens.
En guise de clin d’œil, retrouvez le phare de Pointe Vénus à Tahiti que je viens de broder en marque-page !
Petit indice pour la devinette de ce matin : ce n’est pas un poisson, ni un doudou, ce ne sont pas des rubans, des boutons, du tissu ou autre kit de survie de brodeuse… ça a un rapport avec la région Poitou-Charentes… De nouvelles idées ?
Exposition Polynésie au musée du quai Branly à Paris
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