Je continue à vous faire découvrir le numéro n° 67 de la revue Enfantines Halte à la douane sur Mouchin, dans le Nord, paru en 1935. Le numéro est certes publié en ligne, mais c’est en mode image, avec une couverture différente de la mienne. Après les douaniers, la circulation, la fraude en auto, la fraude avec les chiens, les gendarmes, une belle ruse, le passage à niveau et un pauvre chien, voici les dernières pages consacrées à d’autres ruses… et qui ressemblent à des légendes urbaines (euh, rurales plutôt) avant l’heure. A moins que certains fils de douaniers (école de garçons) aient rapporté des témoignages de leur père (pas de douanière en 1935…).
Et un grand merci à mon père qui est parti en reportage dans le village de Mouchin pour illustrer les lieux avec des photographies!
D’autres ruses
Dernièrement, les douaniers ont découvert dans une péniche qui franchissait la frontière sur l’Escaut, une grande quantité de tabac. La péniche était à double fond et doubles parois.
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Un motocycliste transportait sur le siège arrière une personne. Le motocycliste est arrêté sur la route par les douaniers. a personne assise sur le siège arrière n’était autre qu’un mannequin bourré de tabac.
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Une auto arrive à la frontière. Vous n’avez rien à déclarer? – Non. – Voyons, ces pneus, essayons de les dégonfler. Rien à faire. Les roues étaient rembourrées de tabac.
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Dernièrement encore, c’est un cycliste qui avait mis des cigarettes dans le cadre de son vélo.
****Une autre fois, c’est la rivière qui sert à transporter des ballots de tabac. On les enveloppe de toile imperméable et on les jette dans le courant; un barrage établi en aval les arrête et le tour est joué, à moins qu’on ne se fasse prendre, bien entendu.
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A Halluin, il n’y a pas très longtemps, les douaniers ont découvert une installation extraordinaire: par les égouts, les fraudeurs descendaient sous terre; ils avaient creusé des souterrains franchissant la frontière et y avaient installé des wagonnets!
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Ce brave paysan rentre de ses champs. Il pousse une brouette remplie de pommes de terre.
– Videz-moi cette brouette.
Sous les pommes de terre, il y avait quelques paquets de tabac. Pas de chance! l’homme au sac, l’arrête et découvre dans le sac… de l’herbe pour les lapins!
Et, profitant de l’absence du douanier, d’autres fraudeurs, avec chacun leur charge de tabac, franchissent la frontière à toute allure.
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Celui-ci est bien connu. C’est un gros, bedonnant, qui aime à rire et à plaisanter. Les douaniers le connaissent bien et le considèrent comme un honnête homme.
Un jour, à Lille, un douanier le rencontre dans un café et le trouve très amaigri.
Son attention est éveillée. Le lendemain, de faction, notre bonhomme arrive ayant retrouvé son embonpoint. Il passe la frontière, se dirige en Belgique, et revient une heure après.
– Rien à déclarer?
– Non.
– Vous êtes bien gros, pourtant. Voyons ce ventre.
Le douanier découvre sous le gilet un beau matelas de tabac. Pour franchir la frontière, notre fraudeur se rembourrait de paille et de chiffons. Arrivé en Belgique, il se débarrassait de ce rembourrage et le remplaçait par du tabac.