Pendant mes vacances, j’ai privilégié des lieux avec un public peu nombreux, pour éviter au maximum les risques de bousculade. A Paris, j’ai choisi l’exposition Abel Pann au musée d’histoire du judaïsme, juste à côté du site des archives nationales, rue du Temple, non loin du square du Temple (revoir la statue de Béranger et Wilhelm et Eugène Delaporte). J’avais lu une petite note je pense dans Télérama pour cette exposition qui se poursuit jusqu’au 30 novembre 2014. 1ttention, passage sous portique, évitez tout objet suspect genre ciseaux, etc. En revanche, le jour où nous y sommes allé, à 10h alors que ça n’ouvrait qu’à 11h (pas douées, les filles…), les deux plantons policiers avaient l’air de s’ennuyer et prenaient leur casse-croute tranquillement avec leur sac posé sur le trottoir. Pas terrible comme garde, surtout après la tuerie du musée juif de Bruxelles, mais bon, heureusement, nous n’étions pas terroristes. Le renfort de gardiennage à l’ouverture et le portique avec sas blindé étaient eux beaucoup plus sérieux!
L’exposition: il s’agit d’une exposition-dossier qui présente plusieurs séries de lithographies -souvent coloriées- et d’estampes de Abel Pann, né Abba Pfeffermann (Kreslawka, Lettonie, 1883 – Jérusalem, 1963). Arrivé à Paris en 1905, il a fréquenté les artistes de La Ruche (cité d’artistes dans le 15e arrondissement, près du square Georges-Brassens, voir le site officiel). En 1914, après quelques années à Jérusalem, il décide de venir rechercher ses affaires pour un départ définitif… et se retrouve coincé par la première guerre mondiale. Il passe alors d’un registre de créateur d’affiches et de caricaturistes (quelques exemples présentés dans les vitrines) à des réalisations patriotiques. En 1917, il part pour New-york puis Jérusalem dans les années 1920 et se consacre alors aux études et à l’illustration de la Bible. L’exposition montre, sur deux salles, pour l’essentiel, des lithographies.
Mon avis : C’est la série In the name of Czar qui m’a le plus frappée, je vous en propose une illustration du dossier de presse. Cette série est consacrée aux exactions contre les juifs de la part de l’armée du tsar et des polonais dès 1914. Il a réalisé cette série sur une année, à partir de décembre 1915. Malgré la guerre et bientôt la Révolution d’octobre (1917), l’ambassadeur de Russie ne trouve rien de mieux que de faire interdire la publication de cette oeuvre! Il ne réussira à les publier qu’en 1921 à New-York. Vous ne trouvez pas que ces wagons à bestiaux qui déplacent des populations juives ont comme un avant-goût très amer des discriminations des juifs polonais à partir de 1937 puis leur élimination pendant la deuxième guerre mondiale? La population juive de Pologne est passée de plus de 3 millions de personnes en 1931 à moins de 12.000 aujourd’hui (en 2000, population qui se déclare juive, alors que plus de 50.000 personnes parleraient yiddish). Dans la première salle, ce sont surtout Les désastres de la guerre » (en référence à Goya, pas évoqué dans l’exposition), qui sont illustrés: difficultés des soldats et des populations civiles, évacuations, exactions. Celui qui m’a le plus marqué, réalisé en 1915, un bébé à quatre pattes au milieu des ruines, avec pour titre « La classe 1935 se débrouille », terrible quand on sait ce qui arrivera en 1935 ou dans les années qui ont suivi à ce bébé… Il est vraiment dommage que le musée n’ait pas réalisé de catalogue ni même de mini-dossier à cette occasion.
En tout cas, si vous allez sur Paris, n’hésitez pas à aller voir ces surprenantes estampes et lithographies, et si vous ne connaissez pas le musée d’histoire du judaïsme, à le visiter, dans ce cas, prévoyez un bon moment, je le trouve passionnant et l’ai revisité avec de nouvelles approches par rapport à mes précédentes visites.
je l’ai visité une fois et j’y retournerais avec intérêt.