J’ai vu Comme vider la mer avec une cuiller par Yannick Jaulin (revoir Terrien) au théâtre et auditorium de Poitiers / TAP il y a quelques mois, au début de la saison 2015-2016… Comme le spectacle tourne actuellement avec une communication active (j’ai vu et entendu plusieurs critiques et entretiens ces derniers jours, voir dates sur son site officiel), je rédige enfin mon article à partir de mes notes…
Le spectacle : au fond de la scène, une grande reproduction de l’Annonciation de Fra Angelico (il en a peint plusieurs, la version choisie est celle du couvent San-Marco à Florence, où la Vierge a un corsage blanc). Devant, une femme assise sur un banc, de dos. Et un homme, Yannick Jaulin, affublé d’ailes, comme l’ange du tableau. La discussion s’ouvre, comment comprendre ce tableau. Si l’on n’a pas reçu une éducation chrétienne ou au moins à l’histoire de l’art occidental, il est impossible d’y lire / comprendre ce qui se passe sur le tableau. A partir de là sont revisités les grands mythes fondateurs du monde, de différents continents, et des religions… et l’emprise de celles-ci sur les hommes et les femmes.Mon avis : j’ai bien aimé ce spectacle, une amie qui l’a vu la veille et aime d’habitude les spectacles de Yannick Jaulin beaucoup moins. Il faut dire que l’on n’est pas dans le registre habituel de l’acteur-conteur, les contes et légendes du Poitou et d’ailleurs, même si elles sont évoquées, comme saint Poux (saint Paul) fêté à Pougne-Hérisson dans les Deux-Sèvres (le nombril du monde), mais dans un spectacle beaucoup plus « savant », qui fait appel à un gros bagage culturel. Je pense que de ce point de vue, le spectacle peut être vécu comme élitiste et que le sectateur peut se sentir frustré de ne pas comprendre toutes les allusions. Je trouve l’interrogation de départ une bonne idée. L’Annonciation a été abondamment représentée dès le Moyen-Âge, mais si elle a une grande importance pour les chrétiens, ce ne sont guère que quelques lignes dans le nouveau testament (Luc 1, 26-38) : l’archange Gabriel annonce à Marie qu’elle va donner naissance à Jésus, fils de Dieu. Le propos s’élargit ensuite à un large éventail de mythes et de récits fondateurs, avec une interrogation sur ce qu’ils disent des sociétés qui les (rap)portent.
Pour aller plus loin : je vous ai montré quelques jolies annonciations romanes et gothiques, voir ou revoir à Chauvigny sur un chapiteau du chœur de l’église Saint-Pierre ; à Poitiers, sur la partie droite du portail Saint-Michel de la cathédrale et sur la façade de l’église Notre-Dame-la-Grande.
Merci pour ce compte-rendu.
Bises, belle fin de journée.