Quand Herta Müller a reçu le prix Nobel de littérature, je me suis ruée le soir même à la médiathèque mais n’avais pu que m’inscrire sur la longue liste d’attente. Il y a déjà quelques semaines que j’avais pu avoir L’homme est un grand faisan sur terre, juste avant noël c’était mon tour pour la convocation… Depuis, j’ai aussi lu Animal du cœur et La bascule du souffle.
Le livre : la convocation, de Herta Müller, traduit de l’allemand par Claire de Oliveira, éditions Métailié, 208 pages, 2001, ISBN 978-2-86424-742-5.
L’histoire : dans une dictature, dans les années 1980-1990, le récit est assez intemporel et ne précise pas non plus le lieu exact. La narratrice travaillait dans une usine de confection. Un jour, elle a glissé des messages dans des pantalons en partance pour une maison de haute couture italienne. Elle a été convoquée à la Securitate, elle reçut un avertissement, puis fut accusée, à tort semble-t-il, d’avoir envoyé d’autres billets vers la Suède. Le récit se passe entièrement dans le tramway, qu’elle a pris tôt le matin car elle est à nouveau convoquée. Elle craint le commandant Albu, qui va sans aucun doute à nouveau l’humilier par un baise-main humiliant, tout baveux en lui écrasant les doigts… Tout au long du parcours, elle repasse sa vie et celle de ses proches en revue, sans ordre chronologique, son premier mari reste un mystère, son second mari a aussi été viré de sa boîte (il y a volé du métal pour fabriquer des antennes de télé) et est devenu alcoolique, son amie Lilly a tenté de fuir du pays avec un officier et a été abattue. Son mari a été renversé en moto, simple accident ou pression sur lui ? Qui moucharde ? Au passage, le lecteur apprend qu’elle est un enfant de remplacement. Le tramway avance vaille que vaille, le chauffeur s’arrête pour aller s’acheter des bretzels. Soumise à une telle pression, deviendra-t-elle folle comme certains de ses voisins ? Arrivera-t-elle à la Sécuritate, et à l’heure ?
Mon avis : un livre extrêmement fort, avec des phrases courtes, bien ciselées, très belles pour raconter un quotidien et une vie sordide… Je comprends pourquoi l’auteure a reçu le prix Nobel. Je trouve que le titre allemand original est plus parlant : Heute wär ich mir lieber nicht begegnet. Ni le lieu (on reconnaît certes assez bien la Roumanie) ni la date ne sont précisés, car il s’agit plus de dénoncer la dictature en général qu’une dictature en particulier.
Le troisième livre traduit en français de Herta Müller n’est pas encore disponible à la médiathèque, les autres seront maintenant sans doute vite traduits en français, j’espère… Sinon, je me les ferai livrer en allemand…
J’ai sélectionné ce livre pour le tour du monde en lecture proposé par Livresque.
Merci pour cette critique, ça a l’air d’être un livre très fort. Bisous!
un livre qui pourrait me plaire…
belle critique en effet. je me permets une légère correction. si la jeune femme fait passer des papaiers à l’Ouest et qu’elle est régulièrement convoquée par la Securitate, c’est que l’histoire se situe avant la chute de Ceaucescu en 1989.
En fait, l’auteure laisse un doute sur le lieu et la date, volontairement, car elle dénonce toutes les dictatures en général. Il faut que je corrige non l’année, mais préciser que le lieu est aussi non précisé…
effectivement, c’est plus juste que ce que je viens d’écrire. de mon côté, j’ai vraiment eu du mal avec la fin du livre, mais quelle force d’écriture !
Du spreches deutsch auch? Hé bien, je comprends, me débrouille mais de là à lire…….
Je l’ai vu à la grande bibliothèque, j’ai plutôt envie de me l’acheter!
Merci de me confirmer mon envie lol!
Voilà qui semble être un texte très fort…