J’ai emprunté cette bande dessinée à la médiathèque, un peu au hasard, en cherchant dans les bacs des auteures pour maintenir la parité et tenir l’alternance pour les BD de femmes. Mon critère de choix? J’ai bien aimé la couverture, et je fais confiance aux éditions de l’an 2 (qui fait maintenant partie du groupe Acte sud), dont j’ai plutôt bien aimé Questions de dessin de Edmond Baudoin, un peu moins Les fabuleuses aventures de Nasr Eddin Hodja de Pénélope Paicheler. Depuis cet album, j’ai aussi lu Les sauvages de Lucie Lomová.
Le livre : Anna en cavale de Lucie Lomová (dessin et scénario), traduit du tchèque par Arnault Maréchal et Hana Rihova, collection traits féminins, éditions de l’an 2, 2006, 78 pages, ISBN 9782848560700.
L’histoire : Prague, 1994. La désillusion après la chute du « bloc de l’est » pour Anna et son ami Zdenek. Un soir, elle sort prendre l’air et fait la connaissance d’un groupe de sans domicile fixe. Le lendemain, alors qu’elle est à la piscine avec sa mère, elle est « enlevée » par un homme qui vient de se faire tirer dessus par un groupe mafieux… Commence une cavale où elle apprend qu’elle a une sœur jumelle, Marie, que c’est celle-ci que le jeune homme, musicien, accompagnait à Prague… Elle en était partie enfant, enlevée par son père… et apprend de son côté son histoire de sa mère. En attendant, Anna et le jeune homme, en cavale, sont poursuivis par la mafia, la police… et aidés par un groupe de Roms (puis le président Havel).
Mon avis : j’ai bien aimé cet album en noir et blanc (sauf la dernière planche en noir sur fond bleu-vert). Le traitement graphique des rêves et du passé est assez intéressant, avec ses différences pour le distinguer du présent. L’histoire met aussi en avant des familles éclatées, héritage de l’histoire, l’un ayant pu passer le rideau de fer juste après le printemps de Prague alors que l’autre est restée. Mais celui qui est parti n’est pas forcément le plus heureux (difficulté de l’exil, de l’intégration, la drogue, la déchéance jusqu’à la mort en prison) alors que la mère, qui est restée parce qu’à l’époque, elle voulait s’occuper de sa mère malade, semble épanouie malgré les difficultés de la vie. La partie avec les Roms est un sujet délicat dans ce pays. Je me souviens qu’il revenait souvent dans la conversation lorsque j’avais fait mon stage de conservateur à Brno et Prague en 1993, juste avant cette histoire et après la séparation des Tchèques et des Slovaques. Ils étaient pour la plupart sédentarisés mais ghettoïsés dans des quartiers séparés, et certains voulaient carrément leur créer un état indépendant où auraient été déportés les Roms de plusieurs pays de l’Europe de l’est… Cela m’avait frappé, surtout qu’il n’y avait pas un mot chez nous de ce débat qui couvrait des pages et des pages dans la presse là-bas. Je ne pense pas que ce racisme anti-Rom s’y soit amélioré, bien au contraire, mais dans l’album, Lucie Lomová soulève discrètement le sujet en les présentant très positivement.
Cette BD sera soumise pour le classement du TOP BD des blogueurs organisé par Yaneck / Les chroniques de l’invisible. Mes chroniques BD sont regroupées dans la catégorie pour les BD et par auteur sur la page BD dans ma bibliothèque.
Le soleil semble être de retour après une semaine où nous n’avons pas sorti le nez du brouillard !!!
tous les chemins mènent à …. apparemment, et il a l’air bien caillouteux! fichtre, il faut un bouc-émissaire, c’est ça?