J’ai failli oublié de vous livrer ce mois-ci une lecture pour le défi J’aime les classiques proposé par les Carabistouilles de Marie (clic sur le logo pour voir mon récapitulatif).
Le livre : Le grand troupeau de Jean Giono, première édition en 1931, lu en collection Folio, éditions Gallimard, 252 pages, 1995, ISBN 97820703676036.
L’histoire : dans les collines de Haute-Provence, dans la vallée de la Durance, autour de Manosque (il est question du quartier Saint-Lazare, du Plan des Hougues notamment), entre 1914 et 1918 (plus près de 1914…). Un énorme troupeau, mené par seulement trois bergers, traverse le village. Il mettra la journée pour passer entièrement. Les troupeaux sont décimés, réquisitionnés, les moutons épuisés par ces longues marches. Tous les autres bergers, tous les jeunes hommes sont partis le matin en train… Dans les collines paisibles, il reste des femmes et des hommes inaptes à la guerre. Julia attend son mari Joseph, Madeleine son amant Olivier, le frère de Joseph, et surtout leurs lettres. Les femmes prennent peu à peu en charge toute l’activité qu’elles faisaient auparavant en famille, et surtout le travail des hommes, nourrir les animaux, faucher les blés. À côté de la dure vie dans la colline, la vie au front (le mont Kemmel et ses rats pour Olivier)…
Mon avis : c’est bizarre, je me rappelai pour ce livre d’un passage incessant de moutons lors de la transhumance… J’avais repensé à ce livre l’année dernière, quand le car SNCF d’Aix-en-Provence-TGV à Digne-les-Bains a fait un crochet à Manosque… C’était un souvenir de lecture au premier degré, car en fait, Le grand troupeau est bien une violente dénonciation de la guerre de 1914-1918. Le grand troupeau, c’est aussi tous ces hommes envoyés à l’abattoir de la Grande Guerre. Cette attente des lettres par les femmes me rappellent les longues conversations de mon arrière grand-mère Philomène, qui devait fêter ses 20 ans le 4 août 1914, et qui nous rapportait le contenu des lettres si attendues de son fiancé (devenu mon arrière grand-père, blessé deux fois, réformé en 1916). En 1916, Giono était à Verdun puis au mont Kemmel en Flandre occidentale (comme soldat et comme son héros), il en est revenu profondément pacifiste. Un livre à lire ou relire absolument…