Cela fait longtemps que je n’avais pas lu de livre de Martin Winckler… L’actualité du débat sur la fin de vie, qui a mon avis ne va pas assez loin en n’autorisant pas le suicide assisté et l’euthanasie contrôlée comme en Belgique (lire ou relire l’article sur mes directives anticipées), m’a conduite à lire le roman de ce médecin engagé (avortement, contraception, mais aussi séries télévisées…). Un livre emprunté à la médiathèque.
Le livre : En souvenir d’André, de Martin Winckler, éditions POL, 197 pages, 2012, ISBN 978-2-8180-1692-3.
L’histoire: de nos jours, dans un lieu indéfini. Le narrateur, médecin, raconte, à une personne d’abord non identifiée, comment il a été choisi il y a des années par André, qui fut l’un de ses professeurs, pour l’accompagner dans la fin de vie et l’aider à mourir après avoir recueilli, pendant plusieurs semaines, ce qu’il avait à dire avant de quitter ce monde. Médecin, le narrateur a d’abord pratiqué dans un centre d’avortement avant de travailler dans un centre de soins palliatifs. Au fil des mois, des années, il reçoit des appels sur un portable qui ne sert qu’à cela, avec un message « en mémoire d’André ». Des appels surtout de médecins ou de personnels du corps médical. Lui recontacte ou pas la personne, il commencera par traiter efficacement la douleur et ne l’aidera, si la demande est toujours là, qu’après plusieurs semaines d’échanges et d’entretiens qu’il retranscrit dans des cahiers de manière anonyme…
Mon avis : ce roman aborde de manière dépassionnée la fin de vie, mettant en avant le rôle des soins palliatifs et du traitement de la douleur. Le narrateur ne pratique pas d’euthanasie mais le suicide assisté, la personne en demande déclenche elle-même le processus final d’injection. Comme dans La vacation ou La maladie de Sachs, l’écoute du patient est primordiale, première au sens propre. Au fil des pages, on comprend que l’on est aussi dans la transmission d’un savoir. Emmanuel, jeune médecin, va recueillir les récits de l’expérience de Daniel, le narrateur en fin de vie. Un roman plein d’humanité, à lire absolument et à verser au débat actuel! Débat auquel Martin Winckler a bien sûr participé (au moins dans les médias)…
Ah, encore une fois, l’éditeur a choisi un papier trop transparent, je vois le texte de la page de derrière sur la page à lire et ça perturbe la lecture. Depuis que je relis des livres normaux et lus des « larges visions » (où le papier répond à des normes d’opacité et de non brillance), même si c’est par tranche de 30 minutes ou avec la caméra, je remarque que beaucoup d’éditeurs ne font pas très attention au choix du papier et des encres (souvent plus grises que noires)…
Pour aller plus loin: voir le site de Martin Winckler.