En rédigeant l’article sur les César 2016, je me suis aperçue que je ne vous avais pas parlé du Fils de Saul de László Nemes, que j’avais vu lors de sa sortie. Comme certaines salles l’ont ressorti, je vous fais comme même un court avis…
Le film : en octobre 1944, dans le camp d’Auschwitz-Birkenau. Les Sonderkommando sont des prisonniers juifs isolés des autres, chargés des chambres à gaz et des fours crématoires, jouissant d’une certaine autonomie et d’une vie moins dure… jusqu’à être à leur tour éliminés. Parmi eux, Saul Ausländer [Géza Röhrig] tente de survivre et d’échapper à la prochaine « sélection » (de ceux qui seront éliminés). Un jour, un jeune garçon n’est pas mort après le gazage, il est emporté par le médecin qui va tenter de voir pourquoi il a survécu… avant de l’éliminer. Saul croit reconnaître en lui son fils, va tout tenter pour trouver un rabbin et procéder à des obsèques dans le camp en le faisant échapper au four crématoire.
Mon avis : même si certains détails ne collent pas toujours avec l’Histoire (pour cela, il y a les documentaires, les travaux historiques, les témoignages, suivre les liens sur les mots-clefs en fin d’article…), ce film poignant n’est pas un film sur les camps de concentration, ni même sur les camps voisins d’Auschwitz et Birkenau. Il permet d’en toucher l’organisation, la dureté, les trafics internes aussi, mais c’est avant tout un film sur le mode de survie d’un père, comment il se rattache à l’amour de son fils, même d’un fils qu’il croit reconnaître, même d’un fils mort, sauver l’âme de ce fils (trouver un rabbin et l’enterrer en disant le kaddish) pour tenter de survivre lui-même, de trouver ne serait-ce que quelques jours un sens à sa vie, quitte à la mettre en danger, ainsi que celles de ses compagnons de douleur. Par le choix de l’immersion au sein du Sonderkommando, par la manière de filmer au cœur du groupe, dans le bruit du camp, le spectateur ressent presque la chaleur étouffante et la puanteur qui s’échappe des fours crématoires. Un film à voir absolument!