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Cathédrale de Poitiers : le jugement dernier

Poitiers, le portail central de la cathédrale, 2, le tympan sculpté

Sur la façade occidentale de la cathédrale de Poitiers, le tympan du portail central est consacré au jugement dernier et à la résurrection. Je vous ai déjà présenté le le Christ de la résurrection, encadré de quatre anges, de Marie et de Jean dans le registre supérieur. Je vous montre aujourd’hui les registres inférieur et central. Pour ceux qui connaissent la cathédrale de Paris, la représentation du tympan du portail central y traite le même sujet, dans une figuration assez proche. On trouve ce thème aussi sur les cathédrales de Bourges, de Strasbourg (portail sud de la façade occidentale à découvrir bientôt ici), d’Amiens ou encore de Bazas. Dans la Vienne, il était également figuré sur le portail gothique central (aujourd’hui détruit) de l’abbaye de Charroux. La sculpture du portail de Poitiers daterait du milieu du 13e siècle ou juste après, presque un siècle après le début de la construction de cette cathédrale.

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 01, vue générale

J’avais publié le seul Paradis en janvier 2009, à l’occasion du spectacle du même nom de Romeo Castellucci, librement inspiré de Dante.

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 02, partie gauche de la résurrection des morts Dans le registre inférieur, les morts, représentés nus et asexués, comme à Bourges (alors qu’ils sont habillés à Paris et à Strasbourg).

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 03, résurrection des morts Je vous les montre tous, depuis la gauche vers la droite…

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 04, résurrection des morts Vous avez vu, les morts se lèvent, repoussent les couvercles, certains restent dans le cercueil, d’autres en sortent les jambes…Il sont plusieurs par cercueil, ou plutôt par sarcophage, il semble plutôt s’agir ici de cuve monolithe (d’une seule pièce) en pierre, alors que dans les fouilles des cimetières de cette époque, on trouve plutôt des coffres en pierre composés de plusieurs pierres ou des inhumation en pleine terre (dans les linceuls dont on peut retrouver les épingles) ou dans des cercueils en bois (disparus mais dont il reste les clous).

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 05, résurrecttion des morts, à droite Il y en a même un qui semble inquiet et se bouche les oreilles, vous le voyez coincé entre deux couvercles? D’autres prient, vous en voyez sur chaque photographie ou ici tout à droite.

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 15, le jugement, partie centrale Dans le registre central, les morts ont retrouvé leur vêtements, les femmes leur voile… Seul un archange (Michel) se trouve au milieu de la scène et dirige les uns et les autres soit vers sa droite (la gauche quand on regarde) et le paradis soit vers sa gauche et l’enfer. Mais contrairement à d’autres représentations de la même époque, il n’y a pas ici la balance de la pesée des âmes. Il tient juste une épée (de feu) dans la main droite.

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, le jugement, 17, l'enfer Des diables à la tête simiesque et dénudés accueillent les pécheurs en enfer.Celui que l’on voit sur la gauche de cette image semble forniquer avec l’une des pécheresses.

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 18, l'enfer Et jusqu’au dernier, au centre de cette photograhie, qui porte un damné sur son dos avant de le lâcher dans la gueule d’un monstre symbolisant cet enfer.

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 19, la gueule de l'enfer

Voici cette gueule de plus près… et quelques flammes en arrière-plan. Vers le centre de la gueule, l’un des pécheurs semble être transformé à l’état de squelette.

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 20, le paradis Les élus, souriants, sont quant à eux emmenés vers la porte un paradis…La chose cylindrique qui dépasse du faux linteau (la séparation horizontale entre les registres), entre deux têtes, est en fait le pavillon de la trompe de l’ange agenouillé au-dessus. Les trompettes de l’Apocalypse ne sont pas loin de cette scène, c’est assez logique…

Poitiers, le jugement dernier de la cathédrale, 21, détail du paradis

…où un archange (il a bizarrement un visage étrange) leur pose la couronne des élus sur la tête. Le cinquième élu (si l’on compte les têtes à partir de la gauche) porte (comme celui qui est derrière lui) un vêtement de moine à capuche et une ceinture faite d’une cordelette, il pourrait s’agir de saint François d’Assise, qui avait été canonisé en 1228. (donc une trentaine d’années environ avant la sculpture de ce portail). Pas de trompettes à Poitiers, contrairement à d’autres représentations du Jugement dernier.

Pour aller plus loin : un beau livre récent, Collectif (Claude Andrault-Schmitt, Christian Barbier, Yves Blomme, Jean-Pierre Blin, Bernard Brochard, Marie-Thérèse Camus, Robert Favreau, François Jeanneau, Françoise Perrot, Yves-Jean Riou, Albert Rouet, Jean-Pierre Roussel), La cathédrale de Poitiers, éditions Le Temps qu’il fait, 2007, 176 pages (ISBN : 978-2-86853-415-6).