L’hôtel de ville de Limoges et la fontaine (construite sur la place une vingtaine d’années plus tard) sont inscrits parmi les monuments historiques depuis 1975.
Je n’ai pas pris de photographies des toiles monumentales situées en haut de l’escalier, du peintre Henri-Paul Motte et représentant L’atelier de Léonard Limosin et Passé et Présent : union du Limousin à la France sous Henri IV. Le reste du décor, sculpture et plafonds peints, a été confié à Abel Trinocq, Jean-Joseph Weerts et Urbain Bourgeois.
La construction de cet hôtel de ville de Limoges a été rendue possible par l’important legs d’Alfred Fournier, riche propriétaire rentier limougeaud, décédé sans descendance le 24 juillet 1875. Le concours lancé en 1877 fut remporté par l’architecte [Charles] Alfred Leclerc (Paris, 1843-1915), grand prix de Rome d’architecture en 1868, sur un plan très classique pour les hôtels de ville du début de la troisième République (voir dans un style très proche l’hôtel de ville de Poitiers ou celui de Niort, mais je pourrais vous en montrer plein d’autres). L’hôtel de ville fut inauguré le 14 juillet 1883.
Le corps central de la façade principale est dominé par un campanile central (il n’est pas garde par des tigres chimères comme à Poitiers) encadré de deux allégories, un grand classique. La sculpture générale (notamment celle des chapiteaux) a été réalisée par Adolphe- Martial Thabard (Limoges, 1831 – Clamart, 1905).
Les deux allégories ont été réalisées par Edme Anthony Paul Noël dit Tony Noël (Paris, 1845 – Palaiseau, 1909, grand prix de Rome de sculpture en ). Du bas, je n’ai pas repéré de signature. Elles sont « censées » représenter l’orfèvrerie et l’émaillerie, ce qui est logique pour Limoges, mais soit j’ai les yeux bouchés, soit je suis nulle pour reconnaître les attributs… Grandes jupes, sein à peine voilées, à moitié allongées sur le rampant, pieds nus, la main appuyée sur un vase, les attributs ne diffèrent guère…
Voici de plus près…
On pourrait dire que c’est l’orfèvrerie à gauche à cause de la coupe que l’on peut distinguer sous le vase.
A droite, même position pour l’allégorie.
Si on considère qu’il s’agit de l’émaillerie, on pourrait considérer qu’elle tient un stylet pour poser le décor de sa main droite.
Des mosaïques vénitiennes, dues à Dominique Facchina, ornent les médaillons de la façade, avec les chiffres de la ville au rez-de-chaussée et quatre personnalités locales sous le toit.
Identifiés par des inscriptions, classés par ordre chronologique de naissance si on suit de gauche à droite, on peut admirer les portraits de
– « Léonard Limosin (1505-1530) », émailleur dont on peut voir de somptueuses œuvres au musée municipal,
– « chancelier d’Aguesseau (1668-1751) » chancelier de France (sous Louis XIV), né à Limoges, il avait fait sa carrière en Languedoc puis à Paris,
– « Pierre Vergniaud (1753-1793) », avocat, révolutionnaire dans le parti Girondin et guillotiné avec 21 membres de ce parti le 31 octobre 1793 (rappelons que la Terreur a fait beaucoup plus de victimes que les « révolutions » récentes, dont celle en Tunisie),
– « Louis Jourdan (1762-1833) », là, c’est curieux, pour ces dates, j’ai plutôt trouvé Jean-Baptiste (pas Louis) Jourdan (Limoges, 1862 – Paris, 1833), maréchal d’Empire,mort du choléra.
Pour la fontaine, il faudra patienter un peu…
Photographies de novembre 2010