Un livre trouvé à la médiathèque dans une sélection de livres nordiques dans le cadre de l’opération Passeurs de monde(s) organisé par le centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes.
Le livre : Les mains rouges de Jens Christian Grøndahl, traduit du danois par Alain Gnaedig, éditions Gallimard, 2009, 204 pages, ISBN 9782070782055.
L’histoire : 1977, à Copenhague. Alors qu’il travaille à l’accueil de la gare de Copenhague, le narrateur, étudiant, aide une jeune femme, Randi, à trouver un hôtel à proximité. Il la retrouve dans cet hôtel mais elle reste mystérieuse (sur ses papiers, elle s’appelle Sonja) quand le lendemain, elle lui confie une clef de consigne avant de disparaître. Dans la consigne, un sac en plastique plein de billets, il remet la clef anonymement à la police. Quinze ans plus tard, il est marié, croise par hasard l’inconnue dans la rue… Après des hésitations, il reprend contact, elle finit par lui raconter au fil des mois son histoire, qui commence quelques semaines avant leur rencontre, alors qu’elle terminait à Francfort un contrat de fille au pair…
Mon avis : un roman qui nous plonge dans le passé trouble de l’Allemagne. Après l’assassinat par la police de Benno Ohnesborg le 2 juin 1967 lors d’une manifestation pacifiste contre une visite du shah d’Iran en Allemagne, certains groupes d’étudiants se sont radicalisés jusqu’à former la fraction armée rouge. L’amie du narrateur s’est retrouvée « accidentellement » mêlée aux faits d’armes de l’un de ces groupes et n’a jamais été identifiée. Plus que sur l’histoire de ce mouvement d’extrême gauche, le livre aborde la question des remords et de l’hésitation perpétuelle de l’étudiante devenue une « honorable femme mariée » à parler de son histoire de quelques semaines voire à se dénoncer. En mettant l’ensemble du récit dans la bouche du narrateur, l’auteur prend plus de recul, l’histoire de Sonja est rapportée indirectement, difficile pour le narrateur de prendre parti, depuis la seule nuit qu’ils ont passé ensemble, il est secrètement épris de Sonja, mais tous deux sont mariés depuis longtemps quand ils se retrouvent. Ni le narrateur, ni l’auteur ne semblent prendre parti pour ou contre le terrorisme et le banditisme pour parvenir à ses fins politiques…