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Au bord du monde de Claus Drexel

Affiche de Au bord du monde de Claus DrexelDepuis plus semaines et jusqu’à mi-juin, le film Au bord du monde de Claus Drexel passe chaque lundi à 18h au TAP cinéma à Poitiers. A force de me dire que j’avais le temps pour le voir, j’aurais pu finir par le rater…

Le film : à Paris, de nos jours, presque exclusivement de nuit. Blottie le long des grilles du jardin des plantes, dans une cabane aménagée sous un pont, dans une tente (à plier avant 5h30 pour ne pas « déranger les gens du quartier), dans un réduit sous le pont Alexandre III, dans le métro, dans un refuge d’un tunnel routier, certains boivent trop, d’autres sont sobres, certains sont malades (psychiques ou autre), plus ou moins (plutôt moins) soignés (pas de médicament aujourd’hui, la maraude ne les a pas déposés), Jeni, Wenceslas, Christine, Pascal et les autres racontent leur vie à Claus Drexel.

Mon avis: un documentaire filmé de nuit, au fil des mois, en laissant la parole aux sans-abris, juste relancés par quelques questions. Des vies cassées, parfois par l’émigration, d’autres par des accidents de la vie (cette dame qui passe ses nuits près du jardin des Plantes en dit juste assez pour laisser deviner son enfer conjugal), des destins individuels, comme  celui de cet homme qui va devoir abandonner le réduit qu’il a trouvé et aménagé depuis 23 ans, ou de Wenceslas très organisé avec son charriot de gare qu’il réussit à rentrer chaque soir dans sa tente, et sur lequel il porte une encyclopédie (et se déplace à une vitesse incroyable!), cet autre qui vit sous un pont dans une cabane aménagée et qui a reçu des cadeaux (victuailles) de riverains « et même d’un flic » pour noël, tous racontent leur vie d’invisibles dans la ville, dans la rue. Des images de nuit, avec peu d’éclairage (pas d’éclairage rapporté), un montage tout en pudeur, qui laisse la parole aux personnes interrogées, sans jugement, des personnes qui ont des choses à dire, à partager, loin de ce que les autorités ou les services sociaux peuvent dire « sur eux », sans leur donner la parole. Alors, prenez un peu de temps, allez écouter ce qu’ils ont à dire, à partager, par l’intermédiaire du documentariste, et la prochaine fois, peut-être, arrêtez-vous dans la rue pour échanger avec eux au lieu de détourner le regard…

Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu: