J’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération Masse critique de Babelio, merci à eux et aux éditions Stock.
Le livre : Appelez-moi Lorca Horowitz, d’Anne Plantagenet, éditions Stock, 210 pages, 2016, ISBN 9782234076211.
L’histoire : à Paris de nos jours, une jeune femme, fan d’Emmanuel Carrère, enseigne la technique de la biographie à ses étudiants. Un jour, elle tombe sur un bref article rapportant le cas de Lorca Horowitz, une « criminelle » qui a sévit des années plus tôt à Séville en Andalousie. Elle se met au défit de comprendre comment cette fausse secrétaire a pu tisser sa toile pendant dix ans autour de ses patrons, Eduardo et Rocío Perales, dirigeants d’une grande entreprise d’architecture, détruisant leur vie peu à peu (comment, ça, je vous laisse le découvrir en allant jusqu’au bout du livre).
Mon avis : j’ai d’abord été déroutée par la forme du roman. L’ensemble est rédigé à la première personne du singulier, au féminin, mais le « je » est tantôt la biographe, tantôt Lorca Horowitz. J’ai beau travailler deux fois par semaine en rééducation ma « flexibilité verbale », mon cerveau a toujours des problèmes d’interprétation pour ces changements de points de vue s’ils ne sont pas nettement marqués (et aussi pour d’autres choses). Pourtant, ici, il n’y a en général aucune ambiguïté possible, dès la première ou la deuxième phrase de chaque nouveau « chapitre », il y a un indice clair pour savoir qui parle, et il y a une stricte alternance du « je » à chaque saut de page.
Une fois passé ce problème de double narration à la première personne du singulier, le lecteur se retrouve avec d’un côté la biographe, de l’autre la fausse secrétaire qui met dix ans pour ressembler de plus en plus à sa patronne, perdant 20kg, changeant de coiffure, de look, mettant de plus en plus ses pas dans les siens, à un détail près… son homme! Le mari reste fidèle envers et contre tout, alors que l’amoureux de Lorca semble être un vrai fantôme. En miroir, la biographe s’interroge sur ses propres amours… et un amour de jeunesse qui eut pour cadre la même ville de Séville, ce qui sans doute n’a pas amélioré la faculté pour mon cerveau de séparer les deux histoires! Le style évolue aussi au fil des pages. Au début, Lorca s’interroge beaucoup sur le vocabulaire (avec des longues phrases sur le choix du bon mot), puis, au fur et à mesure qu’elle détourne l’argent de ses patrons, ses préoccupations deviennent plus futiles, vêtements, grosses voitures, vacances dans des lieux à la mode, son entraîneur particulier… autant de sujets qui me laissent totalement indifférente. Je pense que je ne suis pas rentrée totalement dans cette histoire.