Dimanche, je suis allée voir Mommy de Xavier Dolan, qui a reçu le prix du Jury au festival de Cannes en 2014, en VO sous-titrée… et oui, film québecois, mais sous-titres nécessaires pour l’accent et les expressions de certains acteurs [du même réalisateur, voir aussi Juste la fin du monde].
Le film: au Canada, en face de Montréal, en 2030. Steve [Antoine-Olivier Pilon], un jeune adolescent souffrant de TDAH [trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité], est viré du centre éducatif où il se trouve pour avoir commis vols et autres délits: il vient de mettre le feu au réfectoire, plusieurs adolescents sont blessés, dont un gravement brûlé. Deux choix s’offrent à sa mère, Diane “Die” Després [Anne Dorval], veuve depuis trois ans: le reprendre avec elle ou l’abandonner dans un hôpital au nom d’une nouvelle loi. Elle décide de l’accueillir à la maison, même s’il nécessite une surveillance de tous les instants et de suivre les cours à domicile. La voisine d’en face, Kyla [Suzanne Clément], une prof’ en congé sabbatique depuis deux ans, à cause de difficultés d’expression, leur vient en aide…
Mon avis: une mère récupère son enfant perturbé et doit le gérer seule puis avec une voisine, qui sans doute s’implique trop. Comme épée de Damoclès, une nouvelle loi qui permet aux parents de se « débarrasser » d’un enfant malade psychique dans un hôpital, en le confiant à la charge de l’État. Le film montre une relation très forte, parfois violente, pathologique, entre le fils et sa mère. Il aborde les difficultés du huis-clos, mais aussi un manque de suivi médical du fils, le choix étant visiblement soit de le garder à domicile sans aide, soit de l’abandonner (en perdant les droits parentaux) dans un hôpital psychiatrique.
En revanche, le film ne montre pas du tout un adolescent atteint de TDAH trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité), diagnostic avancé par la mère dans une confidence à sa voisine, encore moins autiste comme j’ai pu l’entendre dans la bouche de critiques! C’est un enfant en grande souffrance, sa mère dit qu’il a été diagnostiqué TDAH à la mort de son père, donc vers 13 ans. Or on le voit sagement assis avec la voisine à faire un cours de mathématiques, pour les TDAH que j’ai pu fréquenter, c’est absolument impossible à moins d’être shooté à la ritaline. Bon, donc, nous avons un adolescent perturbé, qui exprime son malaise par la violence et la délinquance, avec de graves troubles psychologiques, mais pas un TDAH. A un moment, la mère parle de trouble oppositionnel, ce qui est très différent, mais semble mieux correspondre au comportement de Steve: le trouble oppositionnel avec provocation (TOP) est à inclure dans la famille des psychoses et peut être annonciateur de la schizophrénie. Certes, c’est un film, une fiction (d’ailleurs l’introduction prend soin de placer le film dans l’avenir), mais c’est dommage d’avoir collé cette étiquette de TDAH (trouble neurologique) alors qu’une autre, le TOP (trouble psychique), aurait sans doute mieux convenu à son problème. Si beaucoup de gens vont voir ce film et connaissent des enfants TDAH, ils risquent de se faire une idée fausse de ce qu’ils deviendront à l’adolescence!
Ces réserves mises à part, c’est un film que j’ai bien aimé.
Ce film a été inclus dans le festival Télérama 2015, dans lequel j’ai vu:
- Winter sleep de Nuri Bilge Ceylan
- Mommy de Xavier Dolan
- Ida de Paweł Pawlikowski
- The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson
- Une nouvelle amie de François Ozon
- Hippocrate de Thomas Lilti
- Au bord du monde de Claus Drexel
- Bande de filles de Céline Sciamma
- Dans la cour de Pierre Salvadori
- Eastern Boys de Robin Campillo
- Le garçon et le monde (coup de cœur « Jeune public ») de Alê Abreu
Pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce film. Le fait que le trouble décrit ne corresponde pas à sa réalité médicale ne m’a pas impacté : je n’y allais pour trouver une définition.
J’ai trouvé la relation entre les trois personnages intéressante, et assez juste. Les acteurs sont talentueux, la musique très sympa, le cadrage original, le rythme soutenu.
Cela pourrait être un film larmoyant, mais je l’ai trouvé plein d’espoir, bien que la réalité décrite soit très dure !
j’i lu ton comm avec intérêt, après avoir entendu le réalisateur à la radio. je lis aussi le comm de florence… et j’y retrouve le vocabulaire de ce temps, moi qui ne « travaille plus », je le remarque de plus en plus. bon, même si c’est un film et pas un docu, il me semble aussi qu’il conviendrait au moins de ne justement pas utiliser de termes trop précis, ça ne nuirait ni au film ni à la réalité qu »‘il prétend décrire.