Lorsque le lycée de jeunes filles de Poitiers (aujourd’hui lycée -mixte bien sûr- Victor-Hugo) a été agrandi par les frères Martineau (je vous reparlerai plus longuement de ce lycée, dont les nouveaux bâtiments furent inaugurés en 1933), le ministère de l’éducation nationale a fait appel à un sculpteur qui venait de recevoir le grand prix de Rome en 1927, Raymond [Émile] Couvègnes. Il sculpte alors une tête de jeune fille, qui fait partie intégrante d’une fontaine située entre les bâtiments et la rue Victor-Hugo, dont le lycée ne porta pas encore le nom. Cet espace a depuis été transformé en parking, puis en espace assez libre. La tête de jeune fille a disparu avec la fontaine à la fin des années 1950 (voir en fin d’article), et n’a été retrouvée que bien plus tard dans les années 1980 en vrac avec des tas d’autres choses dans un dépôt de la ville (et non au musée, qu’elle intégra alors), elle a été remise dans une cour du lycée en 2004, à l’occasion d’une restauration/rénovation/restructuration et du centenaire du lycée.
La voici à son nouvel emplacement.
Et de plus près, les traits un peu raides, je trouve, même si ses cheveux ondulent… Très « sculpture des années 30″…
Pas de doute pour l’identification, l’œuvre est signée… C’est sans doute suite à cette première expérience de collaboration que les frères Martineau ont fait appel à Raymond Couvègnes (1893-1985), spécialiste de la sculpture sur béton frais, pour la réalisation de la sculpture de l’entrée de chambre de commerce à Poitiers également. Je vous ai également montré la Femme au bain dans le square de la butte du chapeau rouge à Paris.
Et voici deux autres vues…
Pour en savoir plus, lire
– la brève de Alain Quella-Villéger, Raymond Couvègnes, retour de la jeune fille, dans L’actualité Poitou-Charentes n° 68, avril 2005, p. 43
– l’article de Maryse Alessio-Redien, « Le mystère de la Tête de jeune fille de Raymond Couvègnes », publié dans Le Picton, n° 168 (novembre-décembre 2004), pages 30-32
– Un lycée dans la ville, Lycée Victor Hugo, Poitiers (1904-2004), Association des anciens du lycée Victor-Hugo, 119 pages.
– Sur Raymond Couvègnes, sa ville natale d’Ermont lui consacre une page sur son site internet.
Cette fois, elle n’était pas prévue pour être vue de très haut, sur la fontaine. Je me pose aussi une question sur l’auteur de la tête de femme de l’immeuble Martineau rue d’Alsac-Lorraine, je n’ai pas eu le temps de chercher, pas de signature.
Au catalogue de la documentation de l’Inventaire : Launay, Yann. Les frères Martineau, les immeubles privés entre les deux guerres à Poitiers. Université de Poitiers, UFR Sciences humaines et Arts, mémoire de Master 1, sous la direction de Nabila Oulebsir, septembre 2005
En général, je ne mets pas les mémoires en référence, car quasiment aucun de mes lecteurs ne peut les lire… Je ne les mets que dans les dossiers documentaires ou les articles scientifiques…
L’identité du sculpteur de l’immeuble de la rue Alsace-Lorraine est susceptible d’y être mentionnée, en réponse à ton interrogation
Un peu carrée mais çà a son charme aussi!
belle histoire que la remise à l’air pur de cette statue, chacun peut profiter de son sérieux^^
En fait, pas tout le mnde, car elle est maintenant dans une cour intérieure du lycée. Elle est visible des lycéens, lors de journées portes-ouvertes et aux journées du patrimoine…
Cette statue a été inaugurée deux fois: lors de l’inauguration initiale et à la rentrée 2004 suite à la restauration du lycée, après un parcours chaotique, pas très honorable pour ceux qui se sont chargés de la mettre au rebut dans le jardin du château de Beauvoir où elle a croupi une trentaine d’années.