Je suis allée voir Les enfants de Belle Ville de Asghar Farhadi, un film réalisé en 2004 mais qui n’avait pas trouvé de distributeur, et qui sort grâce au succès l’année dernière de Une séparation (depuis, j’ai aussi vu Le passé et Le client). Et sur un sujet finalement assez voisin, également sur l’Iran, n’hésitez pas à lire Je ne suis pas celle que je suis de Chahdortt Djavann.
Le film : à Téhéran en Iran de nos jours (enfin, il y a dix ans…). Dans le quartier de Belle Ville, un centre de détention pour mineurs. Akbar (Hossein Farzi-Zadeh) y est enfermé depuis deux ans pour le meurtre de sa petite amie, qui devait s’accompagner aussi de son suicide: il ne supportait pas le mariage forcé annoncé de celle-ci avec un autre. Aujourd’hui, il a dix-huit ans, il est transféré vers un centre pour adultes et peut désormais être exécuté… Il ne pourrait être gracié que si les parents de la victime lui accordent le pardon. Avec l’aide du chef de détention pour mineurs (Farhad Ghaiemian), son ami, Ala (Babak Ansari), sort de prison et va rencontrer Firoozeh, la sœur d’Akbar (Taraneh Allidousti). Un seul objectif, réussir à obtenir le pardon du père (Faramarz Gharibian)… et trouver l’argent pour le rachat du sang de la victime.
Mon avis : un très beau film, qui montre la complexité de la loi islamique: Akbar a tué une fille, le prix d’un homme étant de deux fois celui d’une femme, le père de la victime doit payer la différence à la famille de l’assassin… Cette même famille, si elle peut obtenir le pardon du père de la victime, doit aussi s’acquitter du prix du sang (en l’occurrence, la seconde épouse du père accepterait la somme qui couvrirait l’opération de sa fille gravement handicapée). Et l’imam (excellent!) essaye de justifier la justice de cette loi islamique, tout en expliquant au père que Dieu est favorable au pardon. Les acteurs sont excellents, le scénario nous amène à réfléchir sur la complexité de la loi islamique et les bonnes raisons de chacune des parties prenantes, la photographie est superbe… Un film à voir absolument, dont on ne sort pas indemne…