Je vous ai déjà montré un certain nombre de monuments aux morts de 1870, en général dits monuments aux [troupes] mobiles, vous pouvez revoir ceux de Tours, Poitiers, Angoulême, La Rochelle et Niort. Cette fois, je vous emmène voir le monument aux mobiles du Lot, à Cahors, en ville haute, non loin du rempart, place Lafayette. Les photographies sont de mars 2011. Vous pouvez en lire le dossier documentaire ici, et notamment l’illustration du projet soumis en 1876. Il se compose d’un très haut socle cubique, avec à l’avant un soldat allongé, surmonté d’un autre cube moins large, avec un soldat sur chaque face, et une sorte de colonne octogonale terminée en couronne crénelée.
A l’avant du socle du soldat allongé, sur une plaque rapportée, on peut lire : » A la mémoire / des Mobiles et des soldats du Lot / morts pour la défense nationale / 1870-1871 « . Sur les faces sud et nord du du socle inférieur, » Armée du Rhin / Défense nationale / Armée de Paris » et » Armée du Nord / 1re et 2me armées de la Loire / Armée de l’Est « .
La sculpture a été réalisée par Cyprien Antoine Calmon (Creysse, 1837 – Cahors, 1901), dont la signature ( » C. A. Calmon, 1879 « ) se trouve sur le côté du commandant allongé. Le monument par lui-même a été dessiné par Coëque-Verdier, architecte, élève d’Abadie de l’arrondissement, et Ficat, exécuté par l’entrepreneur Deltheil. Le monument a été inauguré le 27 mai 1881 par Léon Gambetta.
En avant du monument est sculpté en marbre blanc (euh, s’il était propre…) un soldat allongé, identifiable grâce à l’inscription sur la terrasse à l’avant, » Le commandant des Mobiles du Lot mort à Origny le 10 décembre 1870 « , soit Ferdinand Foulhiade (1828-1870)… Chauve, mais avec une belle moustache… il ne semble pas trop souffrir, pourtant, il est tombé au sol, allongé en appui sur son coude gauche, mortellement blessé, et continuant à encourager ses soldats.
L’épée qu’il brandissait de la main droite a disparu, mais on peut la voir sur cette carte postale ancienne.
Sur chaque face se trouve un soldat dont la provenance géographique peut être déterminée par le blason de la ville qui le surmonte, soit ici de gauche à droite Figeac, Martel, Gourdon et Cahors. Ils portent des armes différentes et représentent les différents corps d’armée (là, je ne suis pas douée pour vérifier les identifications proposées avec précautions dans le dossier documentaire, qui propose dans l’ordre un fantassin, un artilleur, un cavalier et un mobile, je n’ai pas chez moi de livre sur les uniformes et armements de la fin du 19e siècle). Ce dossier précise que le monument est construit en pierre de Poitiers… une pierre que je ne connais pas pour être apte à la sculpture, car elle est pleine de blocs de silex, il s’agit plus vraisemblablement de pierre de Chauvigny, réputée pour ses qualités et largement exportée dans toute la France. Le reste du monument serait, selon le même dossier, construit en pierre de Chancelade (petite commune à l’entrée nord de Périgueux en Dordogne, surtout connu pour ses restes humains préhistoriques…).