En vous présentant l’église Sainte-Thérèse à Poitiers, je vous annonçais des articles sur les peintures de Marie Baranger (1902-2003). Je commence par vous montrer le chemin de croix, peint autour des fenêtres. Problème, il y a quatre fenêtres au sud (première ligne du photo-montage) et quatre au nord (ligne du bas)… donc deux « cases » de trop par rapport aux chemins de croix dont les quatorze stations sont normalisées, comme vous avez pu le voir sur ceux de Rosine Sicot dans l’église Saint-Hilaire à Niort ou de Jean Claro dans l’église Saint-Hilaire à Poitiers…
Qu’à cela ne tienne, une scène hors station a été ajoutée au début et à la fin… L’ensemble est peint dans des tons ocres et plutôt sombres, qui contrastent avec les autres peintures de l’église. Vous n’y voyez pas grand chose? Pas de panique, j’ai fait des vues de détail!
Les stations du chemin de croix sont marquées par une croix avec le texte de la station (repeint plusieurs fois, sans respecter l’inscription précédente, la superposition devient parfois illisible voire erronée, comme sur la station 8, sur le photomontage), un autre texte accompagne la plupart des stations, je vous en donnerai le texte au fur et à mesure, et sous chaque fenêtre sont peints les instruments de la passion du Christ (clous, fouet, marteau, couronne d’épines, corde), la plupart en très mauvais état suite à des infiltrations d’eau.
Marie Baranger n’a pas signé son œuvre, mais porté la mention suivante sur le dernier panneau peint (à droite de la quatrième fenêtre nord) : « Peint en l’année jubilaire de la rédemption, 1934-1935 ».
La première scène donc, à gauche du mur sud, porte la mention suivante : « Sainte mère de Dieu / que je compatisse / à votre douleur / pendant la passion / de votre fils ». En bas à gauche, un serpent coiffé d’une couronne rappelle le pêché originel, au centre de la scène, le Christ, agenouillé, accablé, avec une goutte de sang qui coule sur son front, et la Vierge Marie, debout, réconfortée par un personnage en grande partie masqué, au-dessus, les apôtres sont endormis dans la montagne, alors que tout en haut, un ange veille.
Station 1. « Jésus condamné à mort ». Le texte précise « Comme un agneau / il a gardé le / silence et / n’a pas ouvert / la bouche ». Le Christ est représenté debout, chaussé de sandales, un troupeau de moutons à ses pieds, les mains liées, la tête déjà couverte d’une couronne d’épine. Derrière lui, les trois juges lisent la sentence.
Station 2. « Jésus chargé de sa croix », « Jésus est libre parce qu’il l’a voulu ». Le Christ, debout, commence à porter sa croix. A ses pieds, un soldat romain, l’un debout, l’autre, réduit à une tête, armé d’un fouet et d’un gourdin.
Station 3. « Jésus tombe », « il a été brisé pour nos crimes ». En bas, le Christ trébuche, du sang dégouline de son front, au-dessus, les soldats veillent.
Station 4. « Jésus rencontre sa mère », « grande est comme la mer ta douleur ». Le Christ a repris sa croix, il rencontre Marie, voilée, de dos, ils semblent perdus dans un paysage urbain fait d’arcs boutants…
Station 5. « Simon aide Jésus », « J’ai espéré celui qui s’affligerait avec moi et il n’est pas venu ». Simon de Cyrène, un de ses enfants accroché à sa robe, allège le poids de la croix en la soutenant. Au-dessus, le paysage se dégage, laissant apparaître la montagne.
En haut de la troisième fenêtre sud, un ange porte le Sacré Cœur avec un message devenu difficile à lire : « Cœur de Jésus rassasié d’opprobre ».
Station 6. « Véronique essuie le visage du Christ », « Fais lever sur nous la lumière de ta face ». A gauche en prière, « Sainte Thérèse de la sainte face » (si ce n’était pas écrit sur sa robe, impossible à identifier); elle reçoit une flèche dans le cœur. Véronique tient le saint suaire sur lequel s’est imprimé le visage du Christ. A gauche du suaire, Jésus continue son chemin, la croix toujours soutenue à l’arrière par Simon.
Station 7. « Jésus retombe », « l’année de ma rédemption est venue ». Jésus est à nouveau tombé, agenouillé, il reçoit les coups de fouet des soldats.
On passe du côté nord, en commençant par la gauche…
Station 8. « Jésus et les femmes de Jérusalem », « que le méchant abandonne sa voie et le criminel ses pensées ». Les saintes femmes en prière, l’une debout, l’autre agenouillé, font face au Christ qui les bénit. Tout en haut, un personnage regarde la scène.
Station 9. « Jésus tombe de nouveau », « il grandira, il sera exalté et souverainement élevé ». Le Christ est affalé sur le rocher, une flèche lui indique le chemin à suivre. Il est toujours précédé de soldats armés de lances.
Station 10. « [Jésus] a été dépouillé de ses vêtements ». Le Christ, debout, de face, est en train d’être déshabillé par les soldats. La scène au-dessus reste un peu mystérieuse (liée à sainte Thérèse?)
Station 11. « [Jésus] a été crucifié », « toutes les nations lui seront soumises ». La croix disparaît sous le corps du Christ, les soldats lui ont déjà cloué sa main gauche. Tout en haut, l’inscription « Suscipe sancte Pater hanc immaculata Hostiam » est un texte de bénédiction de l’ordinaire de la messe… dans une version abrégée, en principe, c’est « Suscipe sancte Pater omnipotens aeterne Deus, hanc immaculatam hostiam« .
Station 12. « [Jésus] est mort », Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son fils unique », et « votre roi » à gauche de la tête du Christ (sa couronne royale gît au pied de la croix, à côté d’un serpent qui fuit, Jésus a toujours la couronne d’épines sur la tête). Un prêtre (l’abbé Joseph Bressollette, qui a organisé les travaux de déménagement de l’église) lit une Bible ou un bréviaire sur la gauche, sur la droite, la Vierge et, peinte en rouge, Marie-Madeleine. L’orage se déchaîne avec de gros éclairs. On aperçoit un petit personnage, le centurion repentant…
Station 13. « Jésus est remis à sa mère », « oh qu’elle fut triste et affligée la mère sainte et bénie du Fils unique de Dieu ». Joseph d’Arimathie détache doucement le corps du Christ de la croix, retenu par des draps. A gauche, la Vierge, jusqu’ici vêtue de noir, est maintenant couverte d’un long vêtement ocre et coiffée d’un voile blanc. Sur la droite, les saintes femmes ont préparé le suaire et le tiennent prêt à recevoir le corps du Christ.
Station 14. « [Jésus] a été enseveli », « celui qui mange ma chair, celui-là à la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour ». Le Christ, dans son linceul, est entouré des saintes femmes, à ses pieds, deux hommes semblent être des prêtres. En-dessous, deux soldats censés surveiller le tombeau, mais l’un s’est déjà endormi. Au-dessus, le jardin des oliviers, dont la barrière est fermée…
La dernière scène est une scène additionnelle. « Jésus est ressuscité, il est toujours avec vous, Alléluia ». Tout en haut, le Christ victorieux, tout de blanc vêtu, bénit le peuple en tenant une croix dans sa main gauche. En dessous, un diacre (le neveu de l’abbé) l’encense, alors que tout en bas, un diable au corps de lion capitule.
Photographies de novembre 2012 et avril 2013.
ces peintures semblent sortir du mur ! cath
c’est super interressant encore une fois, je te souhaite une bonne semaine
bisous frifricreations
Pour du moderne, j’aime bien !
j’aime beaucoup! gros bisous .cathy
je n’ai plus qu’à y aller…
Très intéressant… merci pour toutes ces infos.
Bises et bon dimanche.