A Poitiers comme dans beaucoup de villes en France, dans l’entre deux guerres (c’est une obligation d’une loi de 1919, voir en fin d’article ou celui de Niort), un sanatorium a été construit pour soigner les tuberculeux… Il se trouve rue Guillaume-le-Troubadour – du nom du grand-père d’Aliénor-d’Aquitaine, Guillaume VII comte de Poitou ou Guillaume IX duc d’Aquitaine (1071-1126)… cette double numérotation des comtes et ducs est l’objet de nombreux quiproquos… mais revenons à nos moutons ou plutôt à notre sanatorium, construit pas loin du Clain, mais assez loin des autres bâtiments de l’hôtel-Dieu. Il fallait franchir toute une série d’escaliers pour le rejoindre. Les contagieux étaient mieux à l’écart des autres… Le bâtiment accueille aujourd’hui les services centraux du CROUS et des chambres universitaires.
Le bâtiment a été conçu par l’architecte Marcel Boudouin (Poitiers, 1906 – Poitiers, 1986), avec des étages formant des gradins, comme il était courant à l’époque. Il fallait aérer les malades, ce qui explique aussi la présence des terrasses devant les chambres. Les malades qui ne pouvaient pas aller au bon air de la montagne devaient prendre le bon air de la ville… pas trop humide (ces terrasses tournent le dos à la rivière). Je vous reparlerai de cet architecte, qui est aussi l’auteur à Poitiers de la cité Gabillet, de l’église Saint-Cyprien, de la première partie du boulevard du Grand-Cerf, la cité de Bel Air et de la clinique des Hospitalières (ces deux derniers détruits ou remaniés ces dernières années). Dans le domaine hospitalier, il a aussi travaillé pour les hôpitaux de Montmorillon et de Lusignan dans la Vienne et de Cadillac en Gironde. Il est aussi l’auteur d’une partie du CHU de la Milétrie à Poitiers (qui a remplacé l’hôtel-Dieu du centre-ville).
Bon, on ne voit rien de son sanatorium avec le rideau d’arbres, j’essayerai de penser à faire une photographie cet hiver… Le soleil devait pouvoir rentrer jusqu’au fond des chambres.
Les deux ailes s’organisent de part et d’autre de l’acceuil (dans l’avancée en demi-cercle) et des espaces de soin.
D’ici, on voit mieux l’aile gauche.
La façade postérieure aurait bien besoin d’une petite rénovation… Les fenêtres d’époque (suite à une question en commentaire, pas des années 1930, mais de la transformation en résidence universitaire, à la fin des années 1960) ont leur charme… mais doivent laisser passer un maximum d’air!
De ce côté, un bâtiment administratif fait le pendant de l’avancée en cercle encadrée de ses deux tours… Remarquez au passage le verre cathédrale qui sert à l’éclairage…
Et voilà, une dernière vue sur l’entrée administrative… Un peu tristoune pour le CROUS, un témoignage d’une architecture du 20e siècle pas si loin de nous…
PS: suite à une question de Virjaja, je vois que j’ai oublié de signaler que la loi Honnorat de 1919 a imposé à chaque département français d’avoir un sanatorium… La guerre de 1914-1918 a favorisé la grippe espagnole… mais aussi la tuberculose, propagation favorisée par la promiscuité des tranchées, les organismes affaiblis ne résistant pas aux microbes, les migrations (retour des soldats, mais aussi début d’exode rural dans de nombreuses régions).
C’est sûr que ça n’est pas très gai, comme architecture !
Je suis passée au jardin au retour de la visite de l’orgue de Saint-Hilaire, j’ai ceuilli de la livêche à faire sécher, et tenté un marcottage sur une branche, on verra bien s’il y pousse des racines…
merciii une fois de plus pour cette page d’histoire !!!!!! mon fils apprécie , il commence sa fac d’histoire
gros bisousss
cagouille
je voyais plutôt les sanatoriums en altitude et non près des marais poitevins:o)
Merci pour cette visite dans Poitiers!
Bonne semaine à toi aussi!
C’est bien pensé en tout cas d’avoir re-investit ce site en chambre universitaire.Nous l’ancien hopital de saintes est toujours à l’abadon, rien ne bouge depuis deux ans ,il y aurait de quoi faire dedans pourtant …
Il y a un riche patrimoine à Saintes aussi… Un jour, je ferai une série sur Saintes (bon, pour l’instant, j’ai ce qu’il faut sur Angoulême, Niort, La Rochelle et Confolens pour le jeudi…)
Merci d’avoir mis en valeur ce bâtiment méconnu qui a pourtant de belles qualités architecturales. L’avancée verdâtre avec les fenêtre à l’arrière, elle est d’origine? ça me fait tellement penser aux espèces d’allèges des immeubles en mur rideau des années 70 que j’ai des doutes..
Je pense que cela date de la transformation en résidence universitaire, dans les années 60 si je ne me trompe pas…
Je préfére l’architecture ancienne que la nouvelle !!! Que laissons de joli pour les générations futures ? Pas grand chose je crois bien ! cath
Ce n’est pas la tuberculose en ce qui me concerne mais je me suis ouvert la main gauche en cuisinant hier et j’ai eu droit à 5 points de suture hier et un arrêt de travail d’une semaine le temps de réparer…
Aïe, pas cool! Prends soin de toi…
Merci ! J’étais surprise de l’arrêt d’une semaine parce que j’étais prête à aller travailler (ça aurait été dur de conduire peut-être). Je fais attention à ce que ça cicatrise bien mais j’ai la chance de ne pas avoir mal. J’imagine que ça va commencer à me démanger dans les jours qui viennent comme Mousse avec ses fils sur le ventre quand elle a été opérée !!!
je pensas que ce genre d’établissement n’était qu’en montagne!
A la montagne, à la mer… puis en périphérie des hôpitaux urbains (pour limiter la contagion), impossible d’envoyer tous les tuberculeux au grand air lointain! Même Bordeaux, pourtant plus proche de la mer que nous, en avait un à Pessac
http://www.chu-bordeaux.fr/chub/le-chu/histoire-des-hopitaux/l-histoire-des-hopitaux-de-bordeaux/le-groupe-hospitalier-sud/du-sanatorium-de-pessac/
Pour ceux du style de Poitiers, il y en avait un à Niort, mais il a été détruit il y a quelques années… pour agrandir le parking de l’hôpital!
Après la guerre de 14-18 et les ravages de la tuberculose (guerre + personnes affaiblies par la grippe espagnole), une loi a dit que chaque département devait avoir un sanatorium!