Ce film a reçu l’ours d’or au dernier festival de Berlin. Interdit de tournage et de sortie d’Iran, Jafar Panahi a réussi à déjouer le régime, à réaliser un film et à le faire sortir d’Iran!
L’histoire : à Téhéran, de nos jours. Au volant de son taxi, Jafar Panahi accueille une série de passagers, un homme et une femme débattent de la peine de mort, un revendeur nain de DVD de films interdits en Iran (dont Il était une fois en Anatolie de Nuri Bilge Ceylan et Magic in the Moonlight de Woody Allen), un blessé d’un accident de deux roues et sa femme larmoyante, deux dames qui veulent relâcher des poissons rouges dans une fontaine, sa nièce qu’il va chercher (en retard) à la sortie de l’école, Nasrin Sotoudeh, dans son propre rôle d’avocate militante des droits de l’homme (et de la femme)… Piètre chauffeur, il ne sait pas bien se diriger dans la ville mais celle-ci se révèle au fil des scènes!
Mon avis: le dispositif de prise de vues est composé d’une caméra triple cachée dans la boîte à mouchoirs du taxi, qui permet de filmer le chauffeur, l’avant de la voiture et les passagers. Le toit ouvrant du taxi laisse entrer la lumière tout en gardant une grande discrétion. Qu’est-ce qui a été écrit, qu’est-ce qui constitue des vraies scènes, écrites avec et pour des acteurs (même si ce sont des proches du réalisateur qui ne voulait pas impliquer d’autres personnes dans son projet pour ne pas les mettre en danger, la « nièce » est en fait sa fille), de « vrais » clients se cachent-ils parmi les passagers du taxi? Assurément non, toujours pour des questions de sécurité, mais il doit y avoir une bonne part d’improvisation dans ces dialogues… Ces petites ou longues scènes sont l’occasion de voir Téhéran aujourd’hui, au moins les passants aperçus au loin sont vrais, les rues pas si dégradées que cela (parfois moins même qu’à Poitiers!). Les sujets abordés permettent de dénoncer la peine de mort (très appliquée en Iran), le mariage, l’inefficacité de l’interdiction des films, qui entrent quand même en DVD, le tout traité avec beaucoup de légèreté et d’humour. Jusqu’à la scène finale et au générique (ou plutôt son absence), tout est traité avec le sourire, Jafar Panahi est souriant d’un bout à l’autre du film alors qu’il a traversé une période de grande déprime après son interdiction de tourner en 2010. Un film à découvrir!!!