L’hôtel Berthelot à Poitiers

Poitiers, hôtel Berthelot, 1, façades sur rue et sur cour Aujourd’hui, retour à Poitiers dans la rue de la Chaîne, une rue très en pente qui connaît beaucoup de parking sauvage sur les trottoirs (voir les photographies signées DB dans cet article par exemple)… Mais nous allons remonter dans le temps, et nous diriger vers l’hôtel Berthelot, au n° 24. Sur la rue, il ne paye pas de mine, mais les façades sur cour ont conservé de beaux éléments de l’hôtel particulier que René Berthelot, se fit construire probablement à partir de 1529, année de son mariage avec Jeanne d’Ausseur et de son élection comme maire de Poitiers, donc à peu près en même temps que l’hôtel Geoffroy d’Estissac (vers 1520), à l’autre bout du plateau de Poitiers. Ce bâtiment accueille depuis 1959 le Centre d’études supérieures de civilisation médiévale (CESCM).

Poitiers, hôtel Berthelot, la façade postérieure sur une carte postale ancienne

Je n’ai jamais réussi à prendre de photographie correcte de la façade postérieure (« sur jardin »), qui donne sur la rue des Carmélites et au-delà, sur la vallée de la Boivre (depuis, cet affluent du Clain est canalisé et en partie recouvert dans ce secteur). Sur cette façade, les deux lucarnes portent des médaillons, il faudra vraiment que j’essaye de les photographier un jour, je n’avais pas mon appareil photographique le jour où je suis passé de ce côté du bâtiment…

Poitiers, hôtel Berthelot, 2, lucarne et détail des portraits

Au fond de la cour, la lucarne richement décorée est surmontée d’un fronton avec des amortissements en forme de candélabres. Au centre, dans une couronne végétale composée de fruits et de feuilles, les armoiries sont illisibles. En-dessous, des médaillons renferment un buste d’homme barbu (et assez chauve) et à droite, un buste de femme.

Poitiers, hôtel Berthelot, 3, porte et détail du linteau

Dans l’angle de la cour se trouve la porte au linteau richement décoré donnant accès à l’escalier qui dessert les étages. Sur les côtés se trouvent les bustes en très haut relief d’une femme et d’un homme habillé à la mode de l’époque (style François Ier), généralement identifiés à René Berthelot et Jeanne d’Ausseure.

Poitiers, hôtel Berthelot, 4, femme sur le linteau de la porte

A gauche se trouve le portrait de la femme, à la coiffure élégante, avec un vêtement très décolleté.

Poitiers, hôtel Berthelot, 5, homme sur le linteau de la porte et sculptures de son piédroit droit

A droite, un portrait d’homme. Sur le piédroit en dessous se trouve un buste dont la tête a disparu (il reste le drapé noué au-dessus de son épaule gauche, l’un des enfants du couple?), et encore plus bas, des angelots potelés.

Poitiers, hôtel Berthelot, 6, trois détails du linteau de la porte Voici trois détails du linteau. Au centre (en haut), les armoiries de Berthelot (d’or à trois aiglettes éployées d’azur, membrées de gueules) sont sculptées sur une peau de bête et portées par des sirènes masculines (personnage barbu et âgé à gauche, jeune et imberbe à droite), dont les jambes se transforment en volutes. De chaque côté, ces volutes s’enroulent en motifs de tiges et feuilles, avec des oiseaux au centre et dans les espaces entre les volutes, de petits personnages et angelots. Cela se verrait mieux si un nettoyage soigneux était réalisé par des restaurateurs…

Pour aller plus loin : pour une histoire complète de cet hôtel particulier et de ses propriétaires successifs, voir l’article de Georges Pon, Marie-Hélène Debiès et Bénédicte Fillion, À l’occasion du cinquantième anniversaire de sa fondation, éditions Brepols, 2003.

8 réflexions sur « L’hôtel Berthelot à Poitiers »

  1. Grégory

    … naturellement, la notice de Bénédicte est antérieure à l’exposition de 2006 où fut montrée cette frise restaurée.

    La frise (et toute la sculpture de l’hôtel poitevin) mérite à son tour un nettoyage aussi soigné que le modèle issu de Bonnivet (élevé entre 1516 et 1525).

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  2. Grégory

    Je m’étonne que Bénédicte n’ait pas fait le rapprochement, pourtant si évident, avec la magnifique frise de Bonnivet, elle aussi originellement installée au-dessus d’une porte,

    et où des figures analogues, qui émergent également de rinceaux peuplés de putti, portent aussi l’écu du propriétaire.

    Concernant cette frise voir: http://www.alienor.org/Alienorweb/Public/fiche_objet.asp?__TableId=32&__GroupId=286&__noFiche=70067

    Le nom de sirène (ce qui suppose une figure féminine ou à queue de poisson) me paraît encore plus étonnant pour des torses d’hommes qui émergent de rinceaux feuillagés ; le mot « terme » ne convient il est vrai pas non plus parfaitement, puisque les bustes ne reposent pas sur des gaines…

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