Table ronde sur le Paléolithique supérieur récent
Industrie osseuse et parures du Solutréen au Magdalénien en Europe
Angoulême (Charente)
28-30 mars 2003
Résumés
Lors d'un travail de DEA, nous avions étudié les 371 pointes à base fourchue magdaléniennes en bois de renne du site d'Isturitz (Pyrénées-Atlantiques). La présence sur ces pointes de certaines fractures spécifiques avait permis de suggérer leur utilisation possible comme armatures de projectile (Pétillon, 2000). De même, des variations morphométriques et des stigmates interprétés comme des traces de ravivage évoquaient l'idée d'une réparation et d'une réutilisation d'au moins une partie des pièces (Pétillon, sous presse). Toutefois ces hypothèses demandaient encore à être vérifiées expérimentalement. C'est pourquoi, dans le cadre de la préparation d'un mémoire de doctorat, nous avons mis en place un programme de tir expérimental de pointes à base fourchue. Les tirs ont eu lieu les 11 et 12 janvier 2003 au CEDARC (Musée du Malgré-Tout, Treignes, Belgique).
Le protocole expérimental était le suivant : 42 pointes à base fourchue en bois de renne ont été fabriquées, et un moulage de chacune d'entre elles a été effectué afin de conserver une trace de leur état de surface avant utilisation. Après quoi, comme nous n'avons pas de certitude absolue quant au mode de lancer des projectiles au Magdalénien, la moitié des pointes furent emmanchées sur des flèches destinées à être tirées à l'arc, l'autre moitié sur des sagaies tirées au propulseur. La morphologie de l'emmanchement, constante, était inspirée d'un exemple ethnographique océanien : les flèches des Îles de Santa Cruz, qui possèdent en effet des armatures en os à base fourchue.
Les projectiles ont ensuite été tirés à distance constante sur deux cibles constituées de carcasses de veaux fraîchement abattus et non dépouillés. L'emplacement de l'impact, la profondeur de pénétration, les dommages éventuels aux projectiles ont été systématiquement notés et photographiés. Chaque projectile a été tiré jusqu'à ce qu'un démanchement ou une fracture de la pointe le rende inutilisable ; les pointes endommagées et les os portant des traces d'impact ont été conservés.
À l'heure où nous écrivons, les données issues de cette expérimentation sont encore en cours d'analyse. Nous espérons que l'étude des impacts obtenus permettra de constituer un corpus de référence tracéologique, comprenant des stigmates diagnostiques de l'utilisation comme pointe de projectile - stigmates macroscopiques (fractures) autant que microscopiques (stries). Par ailleurs, en première approche, les différences sensibles entre les fractures expérimentales à l'arc et au propulseur, et la comparaison avec les fractures présentes sur les pièces archéologiques, laissent entrevoir la possibilité de formuler des hypothèses quant au mode de propulsion des pointes à base fourchue paléolithiques.
Références :
PÉTILLON J.-M. (2000) - Les pointes à base fourchue magdaléniennes : approche fonctionnelle, Préhistoire et anthropologie méditerranéennes, t. 9, p. 29-55.
PÉTILLON J.-M. (sous presse) - Typologie et utilisation : l'exemple des pointes à base fourchue magdaléniennes, Actes du XIVe Congrès de l'UISPP, 2-8 septembre 2001, Liège, Belgique.
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Dernière mise à jour : 9 février 2003