Table ronde sur le Paléolithique supérieur récent

Industrie osseuse et parures du Solutréen au Magdalénien en Europe


Angoulême (Charente)


28-30 mars 2003

Résumés

François-Xavier CHAUVIÈRE et Laure FONTANA : Modalités d'exploitation des rennes du Blot (Haute-Loire) : entre subsistance, technique et symbolique

Les campagnes de fouilles successives menées sur le gisement du Blot (Haute-Loire, France) ont permis de mettre au jour, dans les niveaux archéologiques attribués au Protomagdalénien, 24 éléments travaillés sur matières dures animales. Cette série s'avère être quantitativement conséquente pour une région caractérisée par la rareté de tels assemblages industriels.
Intégrée au sein d'une étude archéozoologique centrée, dans le cadre de cette communication, sur l'exploitation du Renne (Rangifer tarandus) au Protomagdalénien, l'analyse technique et fonctionnelle des objets travaillés précise leurs modalités d'accumulation dans le gisement.
Les rennes, acquis en début de belle saison, ont été apportés entiers sur le site. Ils constituent le gibier majoritaire dans tous les niveaux protomagdaléniens, ce qui représente une autre particularité de ce site, au moins à l’échelle des hautes vallées de la Loire et de l’Allier (Fontana, 1998 et 2000). S’ils ont été exploités à des fins alimentaires, ils l’ont également été à des fins industrielles et symboliques, mais d’une façon appropriée puisque qu’il s’agissait de rennes “ sans tête ” pour la plupart (femelles et jeunes en majorité).
En effet, 22 des 24 objets identifiés ont été réalisés dans les diaphyses d’os long. La série est constituée, en majorité, de pointes ayant fonctionné en percussion posée punctiforme (type poinçons) façonnées, in situ, à partir d’os longs de Renne prélevés dans le stock faunique introduit dans le gisement. Il semble en être de même pour les objets investis d’une dimension symbolique comme les os cochés. En revanche, les deux bois de Renne travaillés semblent avoir été acquis au détriment d’une population animale (mâles ?) non représentée dans le site. En outre, le déficit apparent de pointes d’ulna de Renne pourrait s’expliquer par l’utilisation de cette partie anatomique comme support dans la fabrication d’objets non directement documentés et peut-être emportés à l’extérieur du gisement. L’absence totale de pointes de projectiles en matières dures animales dans tous les assemblages considérés constitue une dernière spécificité qui oppose, dans une certaine mesure, le Blot aux gisements régionaux et aux trois autres sites qui ont livré des ensembles industriels attribués au Protomagdalénien.
Ces données, examinées à la lumière des modalités d’acquisition des rennes et de traitement de leurs carcasses, permettent de mieux comprendre l’exploitation globale de cet animal sur ce site, depuis son abattage jusqu’à la confection d’objets en matière dure.
De plus, le double éclairage dont bénéficie la série d’industrie osseuse des niveaux du Protomagdalénien du Blot fournit des arguments pour une caractérisation fonctionnelle du gisement.



Références bibliographiques :

DELPORTE H. (1972) - Proto-Magdalénien du Blot, commune de Cerzat (Haute-Loire) (étude préliminaire), Congrès Préhistorique de France, XIXe session, Auvergne, 1969, p. 190-199, 7 fig.

FONTANA L. (1998) - Mobilité et subsistance au Magdalénien supérieur et final en Auvergne, in J.-Ph. Brugal, L. Meignen, M. Patou-Mathis dir., Économie préhistorique : les comportements de subsistance au Paléolithique, XVe Rencontres internationales d’archéologie et d'Histoire d'Antibes, Éditions ADPCA, Sophia Antipolis, p. 373-386, 2 fig., 2 tabl.

FONTANA L. (2000) - Stratégies de subsistance au Badegoulien et au Magdalénien en Auvergne : nouvelles données, in G. Pion dir., Le Paléolithique supérieur récent : nouvelles données sur le peuplement et l’environnement, Actes de la Table Ronde de Chambéry, 12 - 13 mars 1999, Mémoire XXVIII, Société préhistorique française, Paris, p. 59-65, 1 fig., 5 tabl.

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© Véronique DUJARDIN

Dernière mise à jour : 23 septembre 2002