Pierre CATTELAIN : Propulseurs magdaléniens : marqueurs culturels régionaux ?

L'examen typologique des parties distales des propulseurs paléolithiques européens a permis de reconnaître au moins cinq types principaux, bien que de valeurs quantitative et qualitative inégales.
Le type 1 (propulseur androgyne : 3 exemplaires connus) et le type 5 (propulseur mâle sur bâton perforé : 1 exemplaire connu) sont tellement exceptionnels qu'ils ne permettent guère d'extrapolation.
Le type 2 (propulseurs mâles non décorés ou ne présentant pas d'ornementation figurative en relief) est à la fois trop fragmentaire, donc mal défini, trop faible numériquement et trop ubiquiste spatio-temporellement pour pouvoir, à l'heure actuelle, être interprété à bon escient.
Restent les types 3 et 4.
Le type 3 est constitué des parties distales de propulseurs mâles en forme de baguette ornée d'un protomé de ruminant n'en modifiant pas la forme générale.
Le type 4 est constitué des parties distales de propulseurs mâles dont l'ornementation, généralement en forte saillie, est réalisée en semi ronde-bosse et représente le tout ou la partie d'un corps animal.
Ces deux derniers types sont représentés chacun par une cinquantaine d'exemplaires.
Une vision rapide de la répartition géographique de ces 2 derniers types montre d'évidence des différences. Les propulseurs de type 3 sont très largement répandus et occupent la quasi-totalité de la zone de répartition des propulseurs paléolithiques, quelle que soit l'époque.
En revanche, les propulseurs de type 4, bien que de typologie plus lâche, mais avec des thèmes ornementaux parfois très proches, sont beaucoup plus rassemblés géographiquement, malgré quelques excursions en dehors de leur zone de répartition “ classique ”.
Une analyse plus fine, basée sur la combinaison entre la structure fonctionnelle et esthétique (signifiante ?) de ces deux derniers types suggère que chacun des types de base, constitutif d'une idée, d'une pensée symbolique, possède un centre de conception, puis d'expansion.
Les propulseurs de type 3 semblent avoir leur origine en dehors de la zone pyrénéenne, même s'ils s'y retrouvent présents sous des formes quasi parfaites ou dérivées. En revanche, les propulseurs de type 4, essentiellement pyrénéens, ne se retrouvent que très sporadiquement ailleurs, et sous des formes plutôt dérivées.
Ces quelques exemples entre objets utilitaires/ornementation nous interrogent sur l'existence, au sein de l' “ époque magdalénienne ”, de groupes différenciés, participant d'une même culture/civilisation, mais parfois différents, pratiquant le voyage et l'échange sur des distances insoup�onnables, ou plutôt, insoup�onnées.

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