Autour du 13 500 BP, il faut signaler sur le versant du méditerranéen espagnol un changement de la technologique osseuse. Sont introduits de nouveaux morphotypes, comme les harpons et les hameçons droits. Ces harpons apparaissent dans des contextes magdaléniens jusqu'à la première partie du XIIe millénaire BP, mais il est possible qu'ils surviennent un peu plus anciennement à certains endroits (Cendres). Le corpus des harpons provenant du sud de l'Èbre est le sujet de cette communication. Outre plus de 20 harpons provenant d'un seul site, la Bora Gran à Gerona, cet ensemble est composé de 29 exemplaires, dont la plupart sont des fragments. Tous les harpons de l'Espagne méditerranéenne, à l'exception de deux exemplaires de Bora Gran, ont un seul rang de barbelures. Ces harpons n'ont généralement pas plus de trois barbelures, mais il y a des exceptions comme au Tossal de la Roca, au Parpalló et à Nerja avec quatre barbelures ou à Higueron avec cinq barbelures. Tous ces harpons seraient inclus dans les harpons unilatéraux de type A définis par M. Julien. Il y a des harpons avec des barbelures bien détachées comme celui de Foradada, quelques-uns de Bora Gran ou Cendres, tandis que d'autres montrent une zone barbelée très peu détachée. Il n'y a pas dans notre région assez de données pour faire une proposition sérieuse de la fonction des harpons connus. Ceux-ci font leur apparition tant sur les sites littoraux (Nerja, Cendres, Higueron) que sur les sites de l'intérieur. Cela montre que la position géographique n'est pas un facteur qui conditionne son apparition dans le registre archéologique. Ce fait, s'ajoutant à celui que tous les harpons de notre région peuvent s'inclure dans le groupe A de M. Julien, impliquerait que ces pièces ont été utilisées, selon cet auteur, pour la prise de truites et de poissons d'une taille similaire. Il faut comparer la distribution des harpons connus avec les études publiées sur l'ictiofaune des gisements magdaléniens méditerranéens. Les poissons marins sont présents à Cendres, Nerja et Caballo. Sauf à Nerja où l'ictiofaune est vraiment abondante, elle est très rare sur les autres gisements. La pêche fluviale n'est bien enregistrée qu'au Tossal de la Roca et on a aussi quelques traces de cette pêche à Bora Gran. La séquence publiée du Magdalénien supérieur de l'Espagne méditerranéenne soutient que certains ensembles de la région - Matutano IIB, IB (Castellon), Malladetes (Valencia) et les niveaux inférieurs du Tossal de la Roca (Alicante) - ne peuvent pas être attribués au Magdalénien supérieur en raison de l'absence d'industrie osseuse et à une composition de l'industrie lithique différente des autres séries contemporaines. On a même considéré que ces niveaux avaient des traits les rapprochant de l'industrie de l'Épipaléolithique ancien. La découverte récente dans un des niveaux inférieurs du Tossal de la Roca (couche III) d'un harpon à un seul rang à barbelures, typique du Magdalénien supérieur du versant méditerranéen espagnol, et les cinq dates 14C obtenues pour ce niveau (XIIIe millénaire BP), oblige à une révision des variables habituellement utilisées pour la définition de cette période dans la région et, d'autre part, à admettre finalement sa grande variabilité.
Références bibliographiques
AURA J.E. (1995) - El Magdaleniense Mediterráneo: La Cova del Parpalló (Gandía, Valencia), Servicio de Investigación Prehistórica, Serie de Trabajos Varios, 91, 216 p. CACHO C. et al. (2001) - El Tossal de la Roca (Alicante), Nuevos datos sobre el Magdaleniense Mediterráneo de la Península Ibérica, Trabajos de Prehistoria, 58 (1), p. 71- 93. JULIEN M. (1982) - Les harpons magdaléniens, XVIIe supplément à Gallia Préhistoire, Paris, CNRS, 291 p.